Libérer la parole qui est en nous

« En Afrique, toute assemblée a ses lois, la palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté. Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi. »
Règle n°1 : liberté de propos
Règle n°2 : bienveillance, écoute et respect
Règle n°3 : égalité de tous devant la question humaine.
Autant de valeurs que je souhaite vous faire partager à travers ce blog et avec l’aide de toutes vos contributions !

lundi 12 décembre 2011

DEUX EVENEMENTS MAJEURS AUTOUR DE L’AFRIQUE !




 Société des Africanistes
Musée du quai Branly - 222 rue de l'Université - 75007 Paris - France 
Pour nous contacter : email. africanistes@yahoo.fr - tel. 01 56617117 - www.africanistes.org

Le Colloque de la Société des Africanistes

La Société des Africanistes a organisé les 17 et 18 novembre 2011 un colloque international au Musée du Quai Branly « Quels regards scientifiques sur l’Afrique depuis les indépendances ? »
Ce colloque voulait faire le bilan des recherches et des connaissances accumulées sur l’Afrique postcoloniale, en prenant comme point d’appui les conséquences des bouleversements institutionnels, académiques, politiques sur les thématiques, les méthodes et les paradigmes gouvernant la recherche africaniste.

Objet du colloque
Le colloque « Quels regards scientifiques sur l’Afrique depuis les Indépendances ? » a eu pour objectif d’établir un état des lieux de la recherche, à la fois, africaniste et africaine, toutes disciplines confondues, depuis les Indépendances. En effet, les études, menées dans le cadre des politiques coloniales, in situ ou à distance, par des acteurs exogènes, se sont libérées des orientations coloniales pour s’émanciper à plusieurs niveaux après les Indépendances. D’autres chercheurs de pays non colonisateurs (des scientifiques russes, suédois, japonais, américains par exemple) se font connaître et ont entrepris des recherches dégagées de ces orientations premières. Des chercheurs africains ont également investi différents domaines disciplinaires, et dont la réputation est aujourd’hui internationale. Dans ce mouvement, de nouveaux champs de recherche ont émergé, tandis que d’autres ont été abandonnés, d’autres encore se sont développés.
Si de nouveaux paradigmes sont nés tandis que d’autres, plus anciens, furent remis en cause (ethnicité, anthropologie biologique ou physique), on peut toutefois se demander quels sont ceux actuellement en vigueur dans les recherches sur le continent africain, quels sont leurs poids et leurs influences, en particulier sur les sociétés étudiées ?
Plus largement quels sont les dynamismes nationaux en vigueur dans le cadre des études africanistes et aussi africaines ? Comment les expliquer ? Dans ce cadre, quels rôles jouent les contextes institutionnels animant et entourant la recherche (appel d’offre, financements) ?
L’objet du colloque ne peut être de viser une critique des situations dans les différents domaines évoqués, mais d’établir des tendances significatives qui ont gouvernées les études africanistes au cours des 50 dernières années. Il s’agit donc de considérer ce grand mouvement de mutation des études africanistes depuis les Indépendances, à la fois dans ses dynamiques exogènes et endogènes. À cet égard, ce colloque international voudrait s’inscrire dans un contexte historique : celui du cinquantenaire marquant l’accession de nombreux pays africains à l’Indépendance. Mais c’est aussi l’occasion pour la Société des Africaniste de rendre visible la contribution des chercheurs regroupés en son sein à la connaissance de l’Afrique et de ses sociétés à travers l’analyse de leurs travaux effectués aux cours des cinq dernières décennies en vue d’identifier des sujets de recherche pertinents en ce début du XXIe siècle pour de nouveaux enjeux d’une Afrique en profonde transformation sur le plan économique, social et politique, grâce à une approche pluridisciplinaire et la confrontation des regards d’horizons différents des chercheurs africanistes et africains.

La Société des Africanistes

-       fondée dès 1931, a maintenant 80 ans. Son siège situé au Quai Branly permet à ses membres « africanistes » de côtoyer les membres des sociétés savantes s’intéressant à d’autres continents, ce qui représente un énorme avantage.
-       Elle édite deux fois par an son « journal des africanistes » par les soins duquel paraîtront sous peu les actes du colloque.

Ma réception du colloque :

La qualité de chacune des prestations a été réellement de haut niveau ; la pluridisciplinarité admirablement vécue a porté le fruit escompté, et des plus appréciables, celui de la complémentarité. Il revenait à Jean-Pierre Chrétien de donner la leçon finale, la clarté de sa synthèse a soulevé l’admiration de tous les participants, Africains comme Occidentaux. Je soulignerais, à sa suite, que c’est une analyse très positive que nous avons eu du continent africain.
Trois fois un regret a été énoncé, repris aussi à son compte par JPC. Le fait que aucun exposé n’ait été prévu pour développer le domaine des « religions », même si plusieurs orateurs ont eu à s’y référer de manière explicite.
Il me paraît tout à fait digne d’intérêt que l’on ait su regretter cette impasse sur la dimension « spirituelle » des peuples et des cultures du continent africain.

Autre innovation : la remise du Prix de thèse.

Un grand projet a vu le jour, celui d’honorer régulièrement par un prix, une thèse de doctorat en lien avec l’Afrique. Pour ce faire, nous étions reçus dans les locaux de l’Organisation Internationale de la Francophonie, invités par Monsieur Abdou Diouf ‘Secrétaire général de l’OIF’ et Monsieur Elisée Coulibaly ‘Président de la Société des Africanistes’. La remise du Prix de thèse était confiée à Madame Françoise Héritier et à Monsieur Yves Coppens professeurs honoraires au collège de France.

* * *

LE SAINT PERE EN AFRIQUE

Le mot « espérance » est le mot clef, le fil conducteur qui a uni tous les discours de Benoît XVI lors de son voyage au Bénin, du 18 au 20 novembre.

-      l'affirmation selon laquelle « l’Afrique est comme un immense poumon spirituel pour une humanité en crise de foi et d’espérance »,
-      le passage en revue de toutes les richesses qui, au-delà des richesses matérielles dont nombre de personnes cherchent à profiter, doivent pouvoir « sortir les peuples du continent de leurs difficultés », faire d’eux « les acteurs » de ce nouveau millénaire.

Ces richesses, mises en avant par Benoît XVI durant son voyage et dans son exhortation « AFRICAE MUNUS », sont « des richesses humaines et spirituelles, d’amour pour la vie, de créativité et de culture », que peuvent rendre encore plus précieuses l’écoute de l’Evangile et, donc, « l’engagement de l’Afrique pour le Seigneur Jésus Christ ».


-      A chaque étape de son voyage, le pape revient sur ce mot « espérance », le « crie avec force » aux chefs et aux responsables : « Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! », leur dit-il, tout en les encourageant à « la sagesse, la responsabilité, la bonne gouvernance ».
-      L’espérance dont parle l’Eglise est celle qui « anime l’engagement sur le terrain et la rend noble, l'ouvrant à un horizon spirituel et éternel ».
-      Et « ceux qui aiment tant l’Afrique doivent avoir le courage aujourd’hui de dire qu’elle peut être un continent de l'espérance ».

Michel Bonemaison 1 décembre 2011


Dimanche 20 novembre 2011 LA CROIX

De Cotonou, avec le pape

« Moi, le non-croyant, je suis ici un extra-terrestre ! ». Cette confidence d’un jeune expatrié français à Cotonou en dit long, paradoxalement, sur l’espérance de Benoît XVI pour l’Afrique et son Église. Terre croyante par excellence, le continent noir voit d’un mauvais œil les progrès de la sécularisation et ses nouveaux modes de vie. Mais, si le pape l’encourage à la résistance, il l’appelle également à se défaire des peurs multiples engendrées par cette immersion permanente dans les univers occultes, et à lutter contre les tentations syncrétistes.

Ainsi se dessine le défi d’une théologie catholique proprement africaine : comment exprimer la foi de façon structurée sur une terre majoritairement non alphabétisée, profondément irriguée de courants animistes, livrée à des réflexes de survie face à l’absence d’éducation, de soins, de revenus, vidée de ses émigrés, et pourtant douée d’une créativité trop souvent insoupçonnée ? Les très nombreux groupes d’origine pentecôtiste ont compris les bénéfices qu’ils pouvaient tirer de cette situation.

Appelée par le pape à relever ces défis, l’Eglise africaine, désormais locale et de toutes les couleurs, n’est pas pour autant lavée, par l’eau de son baptême, de ses taches originelles. Les foules ferventes témoignent aussi de fragilités.

A Ouidah, dans la cour du séminaire Saint-Gall, lieu réputé de formation sacerdotale pour toute l’Afrique de l’Ouest, Mgr Pascal N’Koué, évêque de Natitingou, responsable béninois de la formation sacerdotale, n’a pas mâché ses mots : « L’Esprit saint souffle abondamment dans notre pays. D’aucuns pensent que c’est parce que les jeunes peu doués y trouvent une sécurité d’emploi. ». « Cette situation, a-t-il poursuivi, recèle encore bien des fragilités inquiétantes. » Et il évoque une « crise », liée « à la soif des positionnements juteux. » D’où la nécessité de « reprendre en main la formation des prêtres et des consacrés », et de veiller, comme le dit « Africae munus », à « la bonne gestion et à la rectitude morale. »
Rome connaît ces fragilités. Au Bénin, pays pacifique, quasiment démocratique, où coexistent religions et croyances traditionnelles, choisi pour cela comme symbole pour le lancement de l’exhortation apostolique, Benoît XVI a proposé un contrat de confiance fondé sur l’espérance. Reste à l’honorer.

Posté par Frédéric Mounier à 11:03