Libérer la parole qui est en nous

« En Afrique, toute assemblée a ses lois, la palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté. Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi. »
Règle n°1 : liberté de propos
Règle n°2 : bienveillance, écoute et respect
Règle n°3 : égalité de tous devant la question humaine.
Autant de valeurs que je souhaite vous faire partager à travers ce blog et avec l’aide de toutes vos contributions !

samedi 30 avril 2011

L’institution des masques


Dans l’article remarquable sur « l’institution des masques » il est question d’un enseignement transmis par les masques eux-mêmes. Afin de pouvoir accréditer pour cet enseignement une dimension universelle, la dimension qui est la sienne, ce qui est dénoncé par Alphonse TIEROU au sujet du masque doit être dénoncé à l’encontre de toute dégradation, voire de toute destruction des institutions et de leurs manifestations sociales ou populaires, quelque soit l’origine des déprédateurs.

Souligner avec Alphonse TIEROU le fait que des dignitaires et des personnalités de premier plan du monde politique et économique sont issus de « l’institution du masque » est à mes yeux une remarque  primordiale, point qui peut être essentiel dans la mise en œuvre d’une réelle évolution déjà fortement engagée en Afrique, en chacune des Nations contemporaines. Que des « porteurs de masques », véritables notables d’institutions ethniques arrivent à un haut niveau politique ou économique ou dans des services comme l’enseignement ou la santé, permet de nourrir l’espoir d’une évolution ouverte et salutaire. Il est à souhaiter que ces hommes et ces femmes sachent dépasser irrémédiablement les limites de leur propre ethnie, la considérant comme déjà un peuple en capacité de croissance ; en effet la croissance signifie non pas un développement exclusif de la culture ethnique mais une sortie pour chacun de sa propre culture  et pour tous un accueil commun de toutes les cultures locales en misant sur les lieux favorisant une harmonie renouvelée. Pourquoi l’instruction et la culture de ces serviteurs de l’Etat ne leur permet-elle pas ce genre de construction ?

La réponse n’est pas aisée, et pourtant il faut une analyse exhaustive, cela est urgent pour la survie de notre continent africain. Elle n’est pas aisée car complexe, vu l’implication de l’histoire au niveau mondial, dans le temps et dans l’espace. Elle n’est pas aisée au vu aussi des bassesses courantes quand « service » signifie « égocentrisme » tant chez les grands de ce continent que ceux du dehors. Et là, je dénonce avec énergie car j’aime l’Afrique qui m’a tant donné et dont les Peuples savent si bien donner à qui sait les respecter.

Michel Bonemaison sma 
Ancien Directeur du Musée Africain de Lyon
Membre du Conseil d’administration.
de la Société des Africanistes
paru sur "Le Monde" 20.04.2011

En Côte d'Ivoire, un joyau de la culture africaine est menacé

MONDE.FR-http://www.lemonde.fr/sujet/821f/cote-d-ivoire.html | 15.04.11 | 09h58  •  Mis à jour le 15.04.11 | 09h58
Tandis que chacun des deux camps belligérants de Côte d'Ivoire s'accroche à sa vérité, c'est la vérité de l'Afrique qui est mise en péril. Le drame qui se joue dans les régions reculées du pays, au prix du sacrifice de nombreuses vies humaines, a pour corollaire le carnage silencieux de l'un des patrimoines immatériels de l'humanité. Depuis 2002 et encore aujourd'hui, des populations ont été déplacées. Des villages ont été rasés. Des lieux sacrés ont été profanés et pillés. Des hommes et des femmes porteurs et porteuses de masque ont disparu. Doit-on, pour s'en inquiéter, attendre l'extinction définitive de la culture du masque, ce joyau de l'Afrique qui a fait la renommée du continent dans les musées et sur le marché de l'art de par le monde ?

Nous parlons bien des masques, ces pièces sculptées qui, tout comme les statuettes africaines, ont suscité l'admiration des peintres européens tels Picasso, Matisse ou Vlaminck, et continuent à faire le bonheur des esthètes. Le Musée du Louvre accueillit ainsi l'art africain en avril 2000. Puis, le Musée du quai Branly, inauguré en juin 2006, devint l'un des plus beaux lieux de l'art extra-européen. Or, les masques, dans leur conception africaine, ne se réduisent pas à un morceau de bois. Ces sculptures ne sont que la face visible d'une institution méconnue.
Le masque n'existe que lorsque sont réunis trois éléments, le visage ou pièce sculptée, le costume (chapeau, tunique, jupe, jambières…) et le porteur ou la porteuse de masque. Ce dernier est un homme ou une femme qui doit être en vie et qui, soumis au devoir d'anonymat durant toute son existence, prête son corps et sa voix au masque lors des cérémonies, qu'il s'agisse de fêtes, mais aussi de décisions de justice ou même de médiations politiques.


ENSEIGNEMENTS

Ce faisant, le masque transmet des enseignements spirituels, philosophiques, artistiques ou encore pédagogiques. Et à bien des égards, l'institution des masques renferme la matrice de ce qu'aurait pu être une véritable démocratie africaine, nourrie de dialogue, de débats, de prise en compte de l'intérêt général. Soulignons qu'il n'est pas rare que les dignitaires de cette institution soient aussi des personnalités de premier plan du monde politique ou économique. Les porteurs de masques ont ainsi compté dans leurs rangs des ministres, des hauts fonctionnaires ou encore des chefs d'entreprise.
Mais, que vaut une institution sans les peuples qui la fait vivre ? Quel avenir pour un art dont les artistes sont massacrés à chaque soubresaut politique ? Nous appelons à un sursaut de la part des décideurs de la scène ivoirienne, africaine et internationale. Il est encore temps. Que les gouvernants africains viennent offrir aux masques la place qu'ils méritent. Et qu'en Occident, un lieu consacré puisse rendre pérennes les enseignements que les masques ont légués à l'humanité, en vue de mieux donner chair au dialogue des cultures.
Selon les masques, il y a dialogue des cultures lorsque je considère l'autre femme, l'autre homme, l'autre art, l'autre mode de pensée, l'autre conception de Dieu comme une partie de moi-même qui m'habite et me révèle ce qui me manque. Un lieu voué à la transmission et au partage des savoirs situé hors de l'Afrique, pour l'ancrer plus profondément dans son universalité, c'est ce qu'on peut souhaiter de mieux à une civilisation qui a survécu à l'esclavage, à la colonisation, aux travaux forcés.

Alphonse Tierou, auteur et chorégraphe

Une vocation dans l’âme (2005)



Aujourd’hui, après une succession d’étapes différentes, le Musée Africain se veut un musée des cultures de l’Afrique de l’Ouest développant une approche relevant de l’anthropologie culturelle. Pour ce faire, il emprunte le concept sur lequel reposait le Musée National des Arts et Traditions Populaires : faire découvrir des peuples à travers les objets qu’ils produisent et utilisent. Le projet qui l’anime est de participer à la rencontre culturelle entre l’Europe et l’Afrique en faisant découvrir, à travers plus de deux mille objets, les manières de vivre, les échanges matériels et culturels ainsi que les symboles et les rites de l’Afrique de l’Ouest.

Prendre en compte un tel passé est une exigence, avoir pour outil un joyau tel que le Musée Africain est une chance. Faire connaître et aimer les valeurs culturelles des peuples africains me paraît être une nécessité à mettre au service des hommes d’aujourd’hui.
Les temps continuent de changer, les mouvements de populations s’accentuent, le brassage des idées apporte des interrogations nouvelles. Ces réalités sont prises en compte par les sciences humaines, l’histoire, la sociologie ; le regard de l’anthropologie s’affine !

Tout comme Aupiais, d’autres grands noms ont marqué la rencontre des cultures africaines et leur analyse par les scientifiques occidentaux ; mais n’oublions pas les récits extraordinaires que nous confient les littérateurs africains eux-mêmes. Hier, il s’agissait de romanciers, aujourd’hui au travers de toutes les disciplines humaines les Africains expriment un aspect ou l’autre de leurs cultures toujours en évolution. Le Musée Africain offre l’occasion de répercuter ce dynamisme et de susciter la mise en route de ceux qui n’ont pas peur de l’aventure qu’est la rencontre des cultures.

Mais pour cela il y a des règles et c’est ainsi que j’aime faire rimer laïcité avec objectivité car les cultures africaines nous entraînent dans des lieux peut-être peu fréquentés par nos contemporains de France. Le discours que, ministre de l’Intérieur et des Cultes, Émile Combes prononçait à Auxerre en septembre 1904, a marqué un choix indéniable dans la vie de la Nation.

Nous en sommes non seulement héritiers, mais aussi acteurs; à nous de savoir transmettre les messages dans le langage qui convient, plein de respect pour chacun.

Michel Bonemaison
, SMA

LA CHANSON DU MORTIER (septembre 2009)




Mortier, toi qui présides au sein de la cuisine, te souviens-tu que pour ta conception l’homme devient bûcheron ? Il choisit un bel arbre au tronc régulier, au fût majestueux. Pour pouvoir l’acquérir, quelle belle prière peut sortir de son cœur, adressée aux puissances invisibles protectrices de la forêt !

Le vent harmattan souffle fort, le moment de la coupe arrive, le temps est propice car la sève se repose. Accroupi, le bûcheron offre la noix de kola, il la partage, il en donne à la terre et en consomme un peu. L’oblation favorise l’harmonie ; l’homme qui sollicite et la nature qui comble ne font plus qu’un maintenant. D’elle il reçoit la bénédiction et la permission d’abattre celui de qui tu nais.
La hache et le coupe-coupe entament, abattent, tronçonnent. Enfin le bûcheron devient sculpteur. Quelle patience, quel amour ! Les copeaux volent. Lorsque ton pied prend forme la stabilité est assurée. Le galbe du fût est parfait. Il évide son sommet, cette béance se révèle être un réceptacle. Ah ! Si mortier pouvait parler.
Oui, tu peux parler, chanter même, car les mains de ton créateur continuent la métamorphose du bois. Il façonne un long bois, rigide et boursouflé aux deux extrémités. Celui qu’il t’adjoint ainsi participe à ta vocation, on le nomme pilon. Dans certaines cultures il est ton enfant selon le même principe que la pierre qui écrase est la fille de celle qui accueille les condiments. Pour d’autres il est ton époux, mais toujours le duo est évocateur d’harmonie, de complémentarité.
L’un et l’autre vous vivez une alliance qui met ta féminité en œuvre. N’es-tu pas le réceptacle des aliments qui te sont confiés ; tu es le creuset de leur transformation pour la vie des hommes. Epluché, coupé en morceaux puis bouilli, la ménagère dépose en ton sein l’igname qui pilé devient pâte. Tu es aussi le réceptacle qui reçoit les céréales ; sous l’effet du pilon elles se changent en farine.
Mortier, autour de toi s’affairent les ménagères. Une, deux, trois, la ronde est engagée ; le ballet des pilons s’active. Un air de fête paraît quand la cadence est marquée qui par les mains frappées ou le pilon cogné sur ton flanc. La cadence, le rythme, binaire, ternaire tout à la fois ! Les céréales, les voilà moulues pour la nourriture de tous ; la vie de la famille, tu la chantes, tu en clames cette autre dimension qu’est la communauté dans le labeur.


Tu le signifies à nouveau dans le silence lorsque couché sur le flanc dans la cour de la maisonnée tu attires le regard du parent, du passant : « l’un des vôtres s’en est allé !». Un jour ton tour arrive, à toi d’aller aussi, jusqu’à la tombe. Brisé en morceaux, tu accompagnes l’une ou l’autre dans la terre ou fiché sur le tumulus qui recouvre sa dépouille. Là encore tu témoignes de ce compagnonnage que fut ta vie au milieu des humains.
De ce qu’elle est encore, car ces « reliques » continuent de parler, les vergetures de ton fût brisé sont éloquentes, elles disent les saisons, les années qui se sont écoulées. Malgré le temps qui, dit-on, efface tout, des sculptures demeurent lisibles. Elles ornaient le mortier qu’utilisaient les femmes, les invitant par leurs symboles à élever leur pensée au-delà de leur activité ménagère, vers les ancêtres à qui elles devaient leur savoir-faire, vers Celui dont elles partageaient le souci de nourrir la famille.
Elles ornaient le mortier, elles sont encore là, toujours là interpellant celui qui passe ; par elles tu raisonnes encore et encore, tu nous parles toujours, le son de ton flanc martelé, pilonné, le rythme et la cadence font vibrer à jamais ceux que tu rassasiais. Oui mortier, tu sais parler, ton langage est celui de l’éternité.

Michel Bonemaison
Directeur Musée Africain
Lyon 14 février 2009 – Appel de l’Afrique septembre 2009

LA FEMME (mars 2007)



« Au Musée Africain » toute visite guidée nous fournit l’occasion d’accueillir bien des questionnements sur la condition de la femme en Afrique. Evidemment, la réponse est plurielle puisque chaque peuple est régi par ses propres traditions ; tout groupe social vit selon ses coutumes particulières ; et puis, chaque être humain n’est-il pas unique ? Ainsi, fillette, épouse, maman, grand-mère, veuve, chacune par sa personnalité marque son milieu !
Aujourd’hui la voix des femmes se fait entendre, en politique, presque dans chaque pays africain. Depuis bien longtemps, elles avaient déjà initié leur présence active dans le public par le biais du commerce international. Qui n’a jamais entendu parler des « Nana Benz » ? Au Togo, elles excellent dans le négoce des textiles ! Que serait le marché du village ou du quartier sans les vendeuses.


Les photos et les objets, présentés ici, permettent de faire ressortir la valeur fondatrice de la place de la femme telle que les racontent les mythes populaires. N’en soyons pas étonnés ; il s’agit bien de la « fécondité ». Aller puiser l’eau, modeler l’argile, couper le bois de chauffe, cuire les produits de la terre, toutes ces activités féminines favorisent la croissance de la « vie ».


Potières, elles utilisent ces matières premières pour transformer d’autres produits, fruits du travail conjugué de la terre et du labeur de leurs hommes. Ménagères, par la cuisson elles rendent comestibles le mil, l’igname, le manioc déposés dans leurs terrines. Hôtesses, elles offrent « l’eau fraîche de l’accueil », en réserve dans les jarres de leur fabrication.


Le jour de son mariage, en pays baatonu (1), un « canari » rempli de beurre de karité (2) est offert à la jeune épousée. La cueillette des noix est périlleuse ! La confection du beurre est des plus laborieuses ! Aussi est-ce toujours en groupes que les femmes réalisent, tant leur sortie en savane, que la transformation de leur récolte effectuée à l’extérieur de la concession. Pour y avoir souvent participé, la jeune femme en connaît bien les risques. Elle reçoit en cadeau de quoi préparer ses premiers plats de jeune épouse. Quel merveilleux symbole !

Michel Bonemaison sma
7 janvier 2007



(1) Peuple dont l’aire géographique est située à la fois au nord Bénin, provinces du Borgou et de l’Atakora, et au nord ouest du Nigéria.
(2) Beurre végétal issu de la noix de Karité dont l’arbre pousse essentiellement en zone de savane arborée.

paru dans « L’Appel de l’Afrique n° 228″ mars 2007 page 30, Michel Bonemaison

LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX (décembre 2006)

Pour nous disciples de Jésus-Christ, le dialogue interreligieux est une démarche très ancienne. Déjà en germe dans l’Evangile, c’était une préoccupation importante des premières fraternités chrétiennes.

Selon les lieux et les temps, cette dynamique a subi bien des aléas. L’histoire est là pour stigmatiser les malentendus, les erreurs, les faux pas mortifères… Mais, très près de nous, le Concile Vatican II a réactivé cette valeur et en a souligné toutes les dimensions. Ce fut un nouveau souffle pour notre Institut missionnaire. Pour moi, ordonné prêtre en 1968, cette ouverture voulue par l’Eglise a profondément marqué ma démarche pastorale auprès d’hommes et de femmes africains vivant une quête spirituelle dont j’avais tout à découvrir. Je me trouvais plongé dans un milieu marqué à la fois par la Religion locale et traditionnelle et par l’Islam. Aussi ai-je pu faire mienne cette remarque de l’un de mes maîtres, Claude Geffré :
« Un des premiers effets de l’activité missionnaire, c’est la conversion du missionnaire lui-même. Le chrétien n’est pas dans la situation de celui qui apporte tout à quelqu’un qui ne sait rien. Il est aussi celui qui ‘reçoit’, qui découvre à nouveau son identité chrétienne alors qu’il est interpellé par d’autres religions, d’autres cultures et d’autres manières de réaliser sa vocation religieuse ».
Préoccupation depuis les premières fraternités chrétiennes ! La question du salut des non-chrétiens est une véritable interrogation pour celui qui marche à la suite de Jésus et qui adhère au Christ comme Parole de Dieu.

L’histoire montre aisément qu’il y a un risque de durcissement dans la démarche du chrétien lorsqu’il va vers les autres. Aujourd’hui encore, on peut voir naître des attitudes totalement anti-évangéliques comme cette espèce de fatuité excluant tous ceux qui ne sont pas en Eglise … Cette erreur confirme dans leur appréciation ceux pour qui toutes les religions sont de même valeur, voire inutiles, mauvaises ou dangereuses ! Et pourtant, pour un chrétien, « il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ, dont l’Eglise est le signe visible ».

Une seconde conviction chrétienne est la certitude que « Dieu est Amour et que tout homme est sauvé s’il participe à une histoire qui est une histoire de salut ». Dès lors, certains se demandent pourquoi il est toujours nécessaire d’annoncer l’Evangile. Et de là à dénier la mission de l’Eglise d’aller à la rencontre des peuples, des cultures, des démarches spirituelles, il n’y a qu’un pas trop souvent franchi.
Au milieu du deuxième siècle, saint Justin se prononçait déjà clairement sur le salut de ceux qui ont vécu avant le Christ : pour lui, il y a dans toute religion une présence du Verbe de Dieu. Tout son ministère est ainsi guidé par cette certitude ; il s’appuie fortement sur les valeurs ainsi décryptées pour les prolonger par une annonce explicite du Message de Jésus-Christ qui les amène à leur plein épanouissement.

La déclaration « Nostra Aetate » du 28 octobre 1965 résume tout ce qui a été écrit pendant le Concile Vatican II sur les « Relations de l’Eglise avec les Religions non-chrétiennes ». Elle fut suivie bientôt de nombreux évènements ou écrits, tels que la « journée de prière d’Assise » innovée le 27 octobre 1986, le document « Dialogue et Annonce » (D.A.) du 20 juillet 1991 et la fondation de plusieurs Instituts de Sciences et Théologie des Religions, (ISTR).

Voici le souhait que Jean-Paul II adressait aux 130 responsables religieux de toutes les religions du monde réunis à Assise :
« Dans la bataille pour la paix, l’humanité, avec sa grande diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l’agir moral des hommes ».
Annonce et respect !
Comment lier et concilier annonce de l’Evangile et respect de la démarche des autres religions, de la quête spirituelle de tout homme ? La réponse peut être donnée en deux temps, sur le plan théologique et dans une ouverture pastorale.

Il est important de bien connaître les valeurs vécues par les deux interlocuteurs. Le chrétien a le devoir d’affirmer sa propre identité, mais aussi d’apprendre à discerner qui est l’autre. Le baptisé sait que « la mission de l’Eglise est de proclamer le Royaume de Dieu établi sur terre en Jésus-Christ, par sa vie, sa mort et sa résurrection, comme le don décisif et universel de salut que Dieu fait au monde ». ( D.A. n° 58)

Et cette annonce, il est invité à la vivre en pasteur (D.A n° 70) avec les qualités même de l’Evangile, c’est-à-dire dans l’écoute de l’Esprit du Seigneur, fidèle à l’enseignement reçu du Christ et en Eglise, avec humilité, dans le respect de la présence et de l’action de Dieu en tout homme et en chaque religion, dans la dynamique du dialogue qui purifie et illumine, et enfin en étant attentif à la réalité culturelle de l’interlocuteur.
Au delà d’une conclusion ….
Notre société des Missions Africaines, depuis 150 ans, a vécu des va-et-vient entre l’écoute et le monologue, entre le respect et l’ignorance. Aujourd’hui, l’Eglise en Afrique est africaine, elle apprend à écouter les hommes, à respecter les peuples, les cultures, les traditions, elle apprend aussi à dire Jésus-Christ à tout homme.

Cette dimension du dialogue est partie intégrante de l’Eglise en marche. Les Actes des Apôtres actuels continuent de s’enrichir de ces rencontres entre hommes, entre cultures, entre traditions spirituelles. Les Actes s’écrivent au jour le jour, l’Esprit est à l’œuvre.
1- Pour les chrétiens le dialogue entre les confessions chrétiennes a pris la dénomination d’œcuménisme, ainsi lorsque la démarche s’élargit à la rencontre avec toutes les quêtes spirituelles c’est le terme « dialogue interreligieux » qui est utilisé.
Michel Bonemaison sma
Lyon le 5 octobre 2006
« L’Appel de l’Afrique N° 227″ , décembre 2006 – Le dialogue interreligieux. – article de fond – Michel Bonemaison

Lettre à Monsieur Tierou

Cher Monsieur Tierou,
Merci pour  cet article très intéressant.
Je suis par monts et par vaux en ce moment et m'excuse pour mon manque de réactivité !
J'ai fait imprimer et intégrer cet article à notre fonds documentaire ouvert au public, car il a le mérite d'une part, d'expliquer aux lecteurs la réalité du masque (bien souvent ignorée) et d'autre part, de montrer que l'Afrique porte en elle, dans ses fondements culturels, les modèles de démocratie que pourraient suivre les pays et dirigeants africains et qui seraient salutaires pour leurs peuples.
Je n'ai pas encore pu visiter la nouvelle exposition du Musée d'Aquitaine, mais je pressens qu'elle pourrait faire écho à votre article.
Au plaisir d'échanger à nouveau avec vous,
Bien cordialement,


Émilie Salaberry
Chargée des collections extra-européennes
Musée d'Angoulême

Jacques Bertho (2008)

Au Musée Africain le deuxième étage veut exprimer la rencontre entre les groupes sociaux, entre les pays, entre les continents. Cette rencontre se réalise au niveau des échanges commerciaux, dans le domaine de la politique, à travers les réalités administratives, la santé, l’éducation, la dimension militaire. Un des aspects que l’on retrouve à chaque instant est la place et l’influence de la « religion », qu’elle soit ancestrale ou venue de l’extérieur. C’est ainsi que se côtoient aujourd’hui les Religions locales dites Traditionnelles, les différentes tendances de l’Islam ou la multiplicité des confessions Chrétiennes, sans oublier les Mouvements religieux qui fleurissent de manière étonnante sur cette terre d’Afrique.
Nous devons deux prises de vue très suggestives aux archives photographiques de Jacques Bertho ; elles ont été réalisées en 1950. Prêtre des Missions Africaines il fut directeur de l’enseignement catholique pour l’Afrique 0ccidentale Française. L’une représente une mosquée au Soudan, et l’autre, en premier plan le temple sacré du python à Ouidah et, en vis à vis, la première basilique catholique de l’actuel Bénin. Trois lieux de culte différents, trois démarches spirituelles distinctes sous le même ciel !
Permettez-moi de narrer brièvement un fait de vie quasi quotidien : en milieu rural il est fréquent de se retrouver accroupis assemblés autour de la même calebasse contenant la pâte que l’on prend avec trois doigts pour en faire une boule que l’on trempe dans la sauce. Le deuxième récipient, celui de la sauce est aussi commun à tout le petit groupe en train de se restaurer. Manger ensemble se fait pratiquement en silence, la discussion précède et suit le repas. Mais ce que je veux souligner c’est que rien ne différencie les commensaux, ni le travail, ni le rang social, ni la religion.
Une autre anecdote, plus personnelle celle-là ! Accueilli je l’ai été au delà de ce que je pouvais imaginer. Le vieux chef était un sage, on l’appelait couramment « celui qui répare les pots cassés ». Il fit de moi son fils, le deuxième, s’il vous plaît. Le fils aîné devait hériter de la chefferie de terre et assurer le culte ancestral. Les deux autres fils, eux qui m’avaient introduits auprès de leur père, se retrouvaient tout bonnement troisième et quatrième. Un jour vint un autre « étranger ». Il fut si bien adopté par la famille qu’on lui offrit d’épouser l’une des filles de la maison, il devint l’un des gendres. Il était missionnaire musulman, j’étais missionnaire catholique. Que de fois, tous les cinq, avons-nous partagé le même repas, et discuté très amicalement de religion.
Dans le diocèse, notre bonne maîtrise de la langue a ouvert bien des portes et bien des cœurs. Nous étions invités souvent pour les cérémonies dans les lieux sacrés de la Tradition locale ; nous étions reçus régulièrement dans les mosquées à l’occasion des fêtes de l’Islam, et à notre tour nous pouvions accueillir tous les habitants d’un village pour les prières des grandes fêtes chrétiennes. Un jour, appelé à présider les funérailles traditionnelles du chef de terre, je rejoignais une foule immense rassemblée au cœur de la forêt. Alors que le chef du protocole me donnait la parole, j’ai entonné un cantique pensant que quelques chrétiens seraient là et chanteraient avec moi : « Nous nous retrouverons demain au ciel, là où le Seigneur nous rassemble ». Quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que tous, sans exception, chantaient de tout leur cœur, clamant la même espérance.
Je terminerai en soulignant que, lorsque une communauté chrétienne engage une action sociale, elle en est le moteur, et ceux qui participent se mettent au service de l’autre homme ou communauté humaine sans référence à son appartenance religieuse, ni à la caractéristique de leur propre démarche spirituelle.
Cette mosquée du Soudan, ce temple vodoun du Bénin, cette église chrétienne, sont exposés sur un même panneau. Si le lien qui s’impose à notre regard pouvait nous accompagner quand nous rencontrons les autres, pour être avec eux constructeurs de Paix ! Le point de départ n’est-il pas le respect de la quête spirituelle de l’autre, quel qu’en soit la religion?

P. Michel Bonemaison sma
Ancien Directeur du musée africain

L’INCULTURATION, UN MEME LANGAGE POUR UN MESSAGE RENOUVELE (2006)



Unique au monde, elle fait partie d’un ensemble dont le projet est d’exprimer la vie quotidiennedes fidèles du Vodun, vie matérielle et vie cultuelle des initiés dans la cour du temple.

- Chacun des personnages porte une ou plusieurs amulettes, rappel permanent de l’attention à vivre pour aller au-delà de soi, pour se réaliser vers une dimension qui nous dépasse ; par exemple, chez les femmes, la ceinture de perles exprime la valeur indéniable qu’est la fécondité. (Non ce n’est pas un fétiche, ni un gris-gris, ni un porte-bonheur, nonobstant les récupérations et les manipulations toujours possibles.)


- Plusieurs de ces personnages sont recouverts, en tout ou en partie, de kaolin à la couleur blanche. Loin d’être en lien avec le teint de la peau des occidentaux !!! ni davantage avec le culte des morts toujours pensé à la manière des européens !!! cet apport est cultuel et signifie la rencontre avec la vie de l’au-delà grâce à la démarche de purification dont il est le témoin visible. Ce blanc du kaolin affirme la réussite du passage de « conversion » qui vient d’être réalisé ; il est par exemple celui des sorties d’initiations; ainsi on le retrouve souvent sur des masques.


- Ce serviteur d’Hebioso est lui-même recouvert totalement d’un grand voile blanc. La délimitation du sacré est ainsi exprimée ; ce serviteur est vraiment ministre du culte, il est officiant et sa démarche est celle du consacré. Ce voile invite donc au respect : chacun de ceux qui le croisent marquent leur déférence pour ce qu’il entreprend.


- La calebasse d’eau lustrale portée sur la tête, mais sous le voile, exprime à elle seule le ministère dont est chargé cet homme : il accomplit une quête spirituelle, celle de la demande de protection. L’aspersion de l’eau lustrale doit protéger et les gens et les lieux, des maléfices des puissances adverses invisibles.


Nous sommes au cœur même de la religion Vodun, comme de toutes les quêtes spirituelles traditionnelles, en présence de la « la quête de protection ».

Marie, la Vierge du Fiat ( julliet 2006)


L’artiste qui œuvre à la commande de Père Francis Aupiais permet de redire clairement que jusqu’à une époque très récente, jamais aucun nom personnel n’est attaché aux œuvres africaines. Un individu, compétent et initié, réalise ce que la communauté humaine exprime ; ainsi l’on doit dire que cette statue de bois polychrome est l’œuvre de « l’école de Kétou », fin du XIX° ou début du XX° siècle.
Venons-en à la description :
- Pendant au cou du personnage, à la manière d’une amulette, ou d’un bijou, une croix de chapelet ! Loin d’être un anachronisme, il s’agit bel et bien de dire le sens du regard que le personnage porte vers l’au-delà. Cette sculpture affirme ainsi, que le personnage représenté est un fidèle de Jésus, puisque depuis le 4° siècle de notre ère, la croix du Christ est le symbole de la foi chrétienne.
- Le visage, les mains et les pieds de cette personne sont totalement recouverts de kaolin. Ils sont blancs de la blancheur des être purifiés et vivant en relation permanente avec l’au-delà. Tout en vivant au milieu des siens, le « passage » est réellement réalisé.
- Quand au voile, il recouvre entièrement la statuette et délimite toujours l’aire du sacré. Toute sa vie est imprégnée de la permanence de son activité en lien avec l’au-delà, l’au-delà de Jésus-Christ qui l’identifie.
- Mais ici pas de calebasse ! Les mains ne sont pas pour autant vides. C’est une habitude très africaine de dire sa totale disponibilité en mettant ainsi ses mains à hauteur de la ceinture et de les présenter paumes ouvertes : c’est ce que désire exprimer ce personnage.
Nous sommes au cœur même de la religion Chrétienne ! Lorsque l’ange Gabriel envoyé de Dieu s’adresse à la petite jeune fille appelée Marie, après un instant d’étonnement elle ose affirmer son entière disponibilité : « Je suis la petite servante du Seigneur, que tout se réalise selon ce que tu viens de dire ».
***
Un même langage artistique pour deux messages qui se succèdent dans le temps. Le second est bien une réalité nouvelle : ce peuple de Kétou qui était en quête de protection devient actif, participant lui-même au projet du Dieu de Jésus-Christ. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ».
Du ministre d’Hébioso à la Vierge du Fiat. Michel Bonemaison
Lyon le 2006-07-21
Texte pour  » L’Appel de l’Afrique N° 226″ de julliet 2006
(150 cours Gambetta, 69361 Lyon Cedex 07)

TRONE DE JUSTICE (juin 2006



Ce siège fon, de l’ancien royaume du Dahomey, a été présenté par P. Francis Aupiais à l’exposition d’Orléans en 1927. Il est monoxyle, c’est-à-dire réalisé dans un seul morceau de bois. Chacun y discerne un socle rectangulaire et quatre personnages (2 couples) surmontés d’un plateau incurvé. Il est aisé de se représenter le cinquième personnage qui préside à la destinée de son peuple : le roi. Il est caractéristique des trônes d’Abomey (République du Bénin).
En ce symbole tout le peuple est présent, hommes et femmes avec leur capacité à entretenir la vie du groupe social qu’ils engendrent. Maintenir l’harmonie que lèguent les ancêtres, gérer les tensions du quotidien, réguler les initiatives et les nouveautés inhérentes au mouvement… tout cela est vécu au mieux quand le chef convoque la Palabre.
Toute assemblée a ses lois, la Palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté ; une fois la parole dite, le chef, le roi, veille à ce que l’entente devienne effective.
Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi.
Michel Bonemaison
Ancien Directeur du Musée Africain
Texte pour  » L’Appel de l’Afrique N° 225″ de juin 2006
(150 cours Gambetta, 69361 Lyon Cedex 07).
Thème : Justice et Paix

TRANSMETTRE LA VIE (mars 2006)



Paumes ouvertes, les mains prolongent le mouvement qu’inaugurent les bras depuis le buste jusqu’aux genoux, évoquant la merveille du sein maternel. La fécondité confiée à la femme est en œuvre dans le sein de ce personnage. En conjuguant cette dynamique des mains avec la symbolique habituelle des seins qui allaitent, ici mise en évidence par le soutien-gorge rose, le message apparaît admirablement au regard : « la vie est là ».
Et son visage d’inviter à la suivre ! Elle accompagne celui qui, comme par magie, veut bien se laisser guider en pensée, un œil vers le sein maternel et l’autre tourné vers la source de la vie.
Une sculpture de ce type est un chef-d’œuvre dans sa forme ainsi que par la capacité à délivrer un élément de Sagesse, celui du thème de la fécondité. Transmettre la vie est un gage de fidélité aux ancêtres et à l’Altérité divine.
Chaque peuple proclame à sa manière des valeurs qui ont cette dimension de l’universel. Ce chef-d’œuvre Akan ne peut-il pas évoquer « les vierges en majesté » de l’Occident chrétien ? Par des représentations de même qualité un message ne peut-il pas en relayer un autre ? Comment ne pas imaginer un dialogue qui partant de la participation de la femme au don de la vie pourrait permettre de se mettre à l’écoute de celui que Dieu donne par Marie ?
Michel Bonemaison sma
Directeur du Musée Africain
Texte pour  » L’Appel de l’Afrique N° 224″ de mars 2006
(150 cours Gambetta, 69361 Lyon Cedex 07).
Thème: la première évangélisation.

L’Afrique au secours de l’Occident

Réflexion sur le livre de Anne-Cécile Robert.
 
Une double question préside à l’étude des plus pertinentes de Anne-Cécile Robert  » journaliste au Monde diplomatique et professeur associée à l‘institut d‘études européennes de l’université Paris 8  » :
- Et si c’était l’Occident, et non l’Afrique, qui avait besoin d’aide ?
- Et si c’était au continent africain de venir au secours de l’Occident ?

Chapitre 1 : UN MIROIR DE L’OCCIDENT

Citant un chef de village du sud ouest du Mali, l’auteur situe au mieux le problème de la diversité qui à l’image de la réalité des Africains chez eux est celle de la prétention des Occidentaux à agir chez les autres, en l’occurrence chez les Africains :  » Notre problème en Afrique, ce sont les différentes ethnies qui ne parlent pas la même langue : nous avons la Banque mondiale, de la Coopération, le Fonds monétaire international, l’UsAid …  » p.27.
 Concluant son chapitre avec pour sous-titre : le monde occidental poussé à l’absurde l’auteur constate :  » L’Afrique, par la domination dont elle est victime et le décervelage qui lui est imposé, montre mieux que tout autre continent l’inanité du monde mondialisé autour des valeurs de l’Occident capitaliste. Elle s’y trouve embarquée malgré elle et largement contre elle….  » p.53.

Chapitre 2 : MAUDITS SOIENT LES YEUX FERMES

Il devient urgent que l’Afrique parle d’elle même dans son propre langage et que l’on apprenne à l’écouter.  » La redécouverte de l’Afrique par elle-même passe inévitablement par le dépassement de ces pièges intellectuels qui occultent la réalité et brident la pensée comme l’imaginaire :
- dépasser le passé pour vivre libre (je mentionne en particulier la blessure ouverte de l’esclavage),
- refuser l’assistance qui  » développe la mentalité d’assisté « ,
- ancrer les élites dans les réalités locales alors qu’elles sont aspirées par le discours  » mondialitaire « ,
- tropicaliser la démocratie,
- construire son propre regard et  » marcher debout « . p. 58
 » La nécessaire contribution de l’Afrique au progrès d’un monde déshumanisé se fera grâce à cette prise de conscience dont chacun tirera bénéfice.  » p. 59
Pour conclure ce chapitre l’auteur se prend à rêver d’une rencontre animée par le respect mutuel, car  » les masques doivent tomber afin de permettre à l’Afrique de trouver son autonomie dans la voie qu’elle choisira librement « . p 95.

Chapitre 3 : BESOINS D’AFRIQUE

Si  » l’Afrique a un savoir-faire inégalé en matière de relations de solidarité « , bien des points sont à examiner, tels les temps et lieux de travail, la nécessité des déplacements qui en même temps favorise les liens sociaux, et intensifie les échanges interpersonnels ; la cohésion du groupe et son économie sont savamment pris en compte. Tout cela, vertus simples du lien social, est si souvent bousculé, voire détruit par les projets extérieurs d’une  » économie mondialiste « . p. 103 -105.
Tenir compte de la  » très grande capacité de l’Afrique à créer, innover,… recycler  » c’est accueillir une des facettes de sa solidarité ; la favoriser serait contribuer à son essor économique et pourquoi pas, interpeller l’occident dans son inconséquent gaspillage !
Des politologues parlent alors d’économie informelle, et l’auteur signale que des recherches sont en cours dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des mises en œuvres paraissent déjà efficaces au service des budgets des villes africaines.
Le dernier paragraphe des ces pages 107-111 pleines d’espoir intitulées  » l’informel, laboratoire de la modernité  » est à lire et à relire car il fait parler les Africains de leur réalité réussie évoquant au passage ces valeurs, je souligne,  » le rappeur, la citadinité, la religiosité, c’est nous. Il n’y a pas à chercher ailleurs.  »
L’étranger et le sens de l’accueil est perçu par l’auteur dans une dimension que peu d’Européens imaginent, restant trop souvent au sourire, mais pour ma part j’aurais aimé qu’elle puisse aller encore plus loin dans la découverte de la notion  » fondatrice  » du relationnel : l’étranger participe de l’altérité, de l’Autre, et de ses valeurs dont le partage enrichit chacun des partenaires.
L’Harmonie, valeur bien à sa place dans un tel projet, est elle aussi amputée d’une partie de sa dimension spirituelle, car est omise la relation aux ancêtres. J’apprécie aussi l’excellente analyse, résolument concise, que l’auteur donne la palabre ; là encore je me permets de noter que la dimension  » prise de parole « , ou la  » parole confiée « , ou la  » parole apportée « , aurait donné son plein sens à ce qui régit les rencontres humaines pour le respect de chacun.

***

J’attendais un quatrième chapitre qui analyse et explicite davantage les qualités que l’Afrique peut mettre en œuvre pour  » venir au secours de l’humanité  » en prenant toute sa place dans le monde, bien au delà de ses relations avec le seul Occident, et sans craindre de clamer sa dimension spirituelle,  » sa religiosité « , comme cité plus haut.

Développer le discours de l’annonce de ces valeurs vécues  » dans les rapports humains, à la nature, aux richesses, au temps et à l’espace  » (p. 22.) non pas pour avoir l’outrecuidance de dire aux Africains avec nos canons à l’occidental, ce qu’ils vivent comme valeurs, mais pour dire aux Occidentaux dans un langage qui leur soit audible ce à côté de quoi ils passent et leur marteler ce qu’ils détruisent.

Ce livre est remarquable dans ce qu’il dénonce, et dans ce qu’il annonce. Il ne peut pas être exhaustif car parler des cultures africaines est un chantier sans fin. C’est donc un grand merci que nous pouvons adresser à celle qui nous met en route pour de nouvelles recherches, et une nouvelle découverte des valeurs africaines. Il est temps pour nous d’apprendre à les apprécier.
Michel Bonemaison
Directeur du Musée Africain

Un aspect de la mémoire d’un institut missionnaire (2003)


Consacrée à Notre Dame de Fourvière le 8 décembre 1856 par un vicaire apostolique des missions étrangères de Paris (Monseigneur de Marion Brésillac) et un prêtre diocésain (Augustin Planque), la société des missions africaines de Lyon devient très rapidement un institut missionnaire international au service de l’Afrique. L’histoire va faire de cet institut le fondateur de l’Eglise en Afrique Occidentale.
A l’heure de son 150° anniversaire les Eglises de Libéria, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria sont totalement administrées par leur propre clergé africain. A leurs côtés travaillent toujours des pères des missions africaines (sma) tandis que d’autres sont au Niger, en Centre Afrique, au Congo, en Angola, Zambie, Afrique du Sud, Tanzanie, Kenya, Égypte et Maroc, apportant leur appui aux Eglises qui leur font appel.
Le Musée est presque né avec l’institut. Dès le début le Père Planque invitait les missionnaires à lui faire parvenir des objets qui pourraient faire connaître et aimer ceux chez qui ils résidaient.
C’est donc une « collection de famille » qui est offerte aujourd’hui à notre regard, à notre méditation. Il y a bien des manières de se laisser interpeller par le contenu de ces vitrines situées 150 cours Gambetta à Lyon. Chaque objet peut être le support à une multitude de discours, que ce soit au niveau de l’art, de l’ethnologie ou de l’anthropologie. A travers eux on apprend à rencontrer des cultures et on peut se laisser inviter à découvrir l’univers spirituel des africains. Lyon peut s’enorgueillir d’avoir de telles collections si bien mises en valeur au sein de sa cité.
Ce patrimoine nous parle aussi de ces hommes et de ces femmes qui au long des années sont venus de toute la France, de l’Europe pour recevoir une formation qui leur permette de partir à la rencontre des populations africaines. Parmi eux, nous allons citer le Père Chabert qui a conçu le bâtiment actuel en donnant au Musée sa place centrale ; puis deux hommes que les Africains ont élus pour les représenter à la chambre des députés, le Père Francis Aupiais anthropologue de très haut niveau qui s’est épuisé à défendre la cause des africains, et le Père Jacques Bertho directeur de l’enseignement catholique pour l’Afrique occidentale.
Du premier le musée présente un grand nombre de statuettes, et la collection de photographies du second a permis aux scénographes de réaliser une merveilleuse présentation de thèmes proposés par les vitrines.
Être invité à vivre quelques années la charge de direction du « Musée Africain » est une véritable grâce, celle de dire notre amour de l’Afrique à ceux qui l’aiment déjà pour de multiples raisons, mais aussi à ceux qui par le goût des rencontres ou le désir de se cultiver viennent passer quelques heures dans ce « sanctuaire de la vie africaine ». On ne ressort pas indemne d’une visite qu’elle soit libre ou guidée.

Michel Bonemaison, sma Lyon
Texte pour Peuples du Monde novembre 2003

Vivre chez les Lobi (2006)

Quand Dieu se fait connaître aux hommes. ‘‘Il est l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin’’ *L’Apocalypse de saint Jean*

Le Très-Haut a parlé par la Torah et les Prophètes, puis il s’est fait connaître en Jésus-Christ. Mais comment est accueillie sa manifestation, sa révélation en et par Jésus le Christ ? Le livre de l’Apocalypse a pour projet de dire qui est ce Jésus appelé le Christ. Mais alors, quel est le procédé utilisé pour dire ce qui est plus grand que l’humain parce que dessein de Dieu pour l’Homme ?

Dans son livre « Révélation de Jésus-Christ », Jean, « écrivain sacré », conjugue deux genres littéraires, le genre apocalyptique et le genre prophétique. Non il ne s’agit ni de code secret ni d’ésotérisme sinon, simplement, d’un langage pluriel approprié à une culture donnée dans une époque déterminée. Le symbole est un des moyens d’expression récurrent de ce livre. A nous de savoir resituer l’Histoire dans son contexte ; il est celui des jeunes communautés chrétiennes, ici nommées les sept Eglises qui sont en Asie : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. A nous d’apprendre à réinterpréter le message pour pouvoir l’entendre aujourd’hui.



Le contenu du message
[1,1-8 & 22,6-21]


C’est à ces Eglises que s’adresse la Révélation de Jésus-Christ donnée de la part de Dieu. Jean transmet le message par des images, des rites, des gestes, des symboles, par la description de liturgies célestes, et grâce à l’usage de Paroles fortes. Il interpelle ses contemporains à la manière des prophètes, affirmant que ce Jésus dont ils sont disciples est réellement le Christ, l’envoyé de Dieu attendu, venu de Dieu, homme chez les hommes et retourné, Dieu chez Dieu, pour que convertis, les hommes reviennent vers Dieu.

Lorsque il est dit « Voici que mon retour est proche, et j’apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail » (22,12) la réponse du croyant, du fidèle, ne peut être que « Amen, viens, Seigneur Jésus » (22,20).



Les Eglises et le Monde
Une vision apocalyptique
[1,9-3,22 & 19,11-22,5]

   
Les Eglises en Jugement  [1,9-3,22]

C’est au cours d’une vision que Jean reçoit sa mission, puis il tombe en extase tandis qu’une voix lui dicte le contenu du message à délivrer. Les destinataires sont ‘les anges des sept Eglises, représentés par les étoiles’ ainsi que les ‘sept Eglises représentés par sept candélabres’. Pour chacune des Eglises le message comprend une mise en garde, une parole de réconfort et une promesse.

Le Monde en Jugement [19,11-22,5] :

Il revient pour Juger les Vivants et les Morts

Un premier combat eschatologique : Un Cavalier, le Verbe de Dieu, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, montant un cheval blanc mène les armées du Ciel avec un sceptre de fer pour jeter à bas la Bête et ses armées, (ennemis du ‘Fidèle et du Vrai’), jusqu’à leur extermination complète. « Puis je vis des trônes sur lesquels ils s’assirent, et on leur remit le jugement ; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu… Heureux celui qui participe à la première résurrection !»

Le second combat eschatologique est en réaction contre Satan et toutes les coalitions représentées par Gog et Magog en guerre contre la Cité bien-aimée. « Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône … les morts furent jugés … chacun selon ses œuvres. … et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu ».

Ainsi l’accueil des justes auprès de Dieu se fait en deux temps, les victimes de la Bête connaissent définitivement le salut tandis qu’une seconde chance est donnée à ceux que subjuguait le Satan. En fait tous ceux qui avaient œuvré pour le Vivant « verront sa face et son nom sera sur leur front ».


Quelle est donc cette Cité en construction ?
Elle est la Jérusalem céleste : « Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle, … La Cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux ». Et c’est à nouveau la Voix divine pour Parole d’Amour : ‘j’aurai  ma demeure avec eux ; ils seront mon peuple, et moi Dieu-avec-eux, je serai leur Dieu’. Toujours depuis le trône vient la confirmation du salut pour le vainqueur « je serai son Dieu, il sera mon fils » et de la seconde mort pour tous les hommes de mensonge.

Elle est la Jérusalem de la promesse messianique : Bâtie avec toutes les richesses de cette terre d’Asie, la Jérusalem nouvelle, appelée la Fiancée, l’Epouse de l’Agneau, est un joyau d’architecture et de pierres précieuses. Quant au Temple il est définitivement inutile puisque la présence de Dieu est visible, « avec en elle la Gloire de Dieu »… « Le Seigneur est son Temple ainsi que l’Agneau ». Elle est bâtie pour le séjour des enfants de la promesse, en fait, le tout de l’univers trouvé fidèle signifié par les douze tribus. « Le Seigneur répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles ».


L’actualité du Message
Une vision prophétique
[4,1 – 19,10.]


Annonces prophétiques et Histoire : [4,1-8,1 & 17,1-19,10]

4,1-8,1

La nouvelle vision met en œuvre une liturgie céleste dans toute sa splendeur : un trône où siège Quelqu’un dont le nom ne peut pas être prononcé, selon la tradition biblique. Il est comme de jaspe et de coraline, autour de son trône un arc en ciel comme d’émeraude … merveilleuse description selon le catalogue des richesses de cette portion d’Asie. Puis vingt-quatre sièges et vingt-quatre vieillards célèbrent le culte lui faisant hommage à lui Dieu : « Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui créas l’univers ; par ta volonté, il n’était pas et fut créé ». Unis à toute la création, ils crient « A Celui qui siège sur le trône ainsi qu’à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles ».
- Quant aux quatre Vivants représentés par le lion, le taureau, un visage d’homme et un aigle en plein vol, qui auraient donné naissance à la représentation des quatre évangélistes, ils acclament comme dans la synagogue avec les paroles citées du prophète Isaïe « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître de Tout, ‘Il était, il est et il vient’ ».
- Celui qui siège sur le trône tient en sa droite un livre roulé et scellé de sept sceaux et l’Agneau (comme égorgé) est le seul qui puisse ouvrir le livre en brisant les sept sceaux. Ses sept cornes (rappel de l’abondance) et ses sept yeux (rappel de la claire vision de tout) sont les symboles de sa puissance et de sa connaissance, il les possède en plénitude selon la valeur symbolique du chiffre sept.
- L’ouverture des sept sceaux apporte, chacun, un élément particulier du jugement, soit en anéantissant tout ce qui est référence au mal « car il est arrivé le grand jour de sa colère, et qui donc pourrait tenir ? », soit en préservant les serviteurs de Dieu : « car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et il les conduira aux sources des eaux et de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Ces élus sont vêtus de robes blanches « ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau ».

17,1-19,10

    La distinction entre les élus et les damnés devient nette, c’est le moment du châtiment ; maintenant de façon très précise apparaît la condamnation du pouvoir quand il est mauvais dans l’histoire des hommes, en l’occurrence le pouvoir de la Rome impériale. « Viens, que je te montre le jugement de la Prostituée fameuse, assise auprès des grandes eaux ». Remarquons cette technique de la personnification très suggestive : Rome est appelée la Prostituée fameuse mais d’autre part l’Eglise est présentée comme une femme qui enfante et la Jérusalem Céleste comme la Fiancée, l’Epouse.
- Rome la Prostituée fameuse sera détruite car elle est impure, tout comme Babylone la Grande qu’elle chevauche, « la mère des prostituées et des abominations de la terre ».
-  Notons que chaque fois la vision est expliquée, le symbole développe son message, ainsi l’un des sept anges aux sept coupes commente : « Les sept têtes, ce sont les sept collines (de Rome) sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois… Quant à la Bête… elle-même fait le huitième roi … il s’en va à sa perte. Et ces dix cornes ce sont dix autres rois … ils sont tous d’accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir. Ils mèneront campagne contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra… »
- Les grandes eaux auprès desquelles est assise la Prostituée représentent les peuples, les foules des nations et des langues pour l’instant assujettis par la Prostituée. Mais elle, la Grande Cité, sera prise en aversion, humiliée et dévorée par la Bête.
- Et viendra aussi le tour de la destruction de la Babylone : « elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande … [car tous] se sont enrichis de son luxe effréné ».

    Une conclusion qui surprend Jean le visionnaire. Il est invité à discerner et à ne pas s’arrêter en chemin, car il voudrait se prosterner aux pieds de l’Ange annonciateur ! Si l’Agneau est vainqueur, si ses noces sont célébrées lorsqu’il prend possession de son règne, « c’est Dieu que tu dois adorer ».

Une relecture de l’Exode :

Les sept trompettes [8,2-11,19]

    Il s’agit de l’annonce de la destruction progressive et définitive de l’empire de Rome. Les malheurs qui lui arrivent et qui sont sa ruine, sont à l’image des plaies d’Egypte, selon Exode 7-10. La description est assez cocasse car très imagée elle aussi. Chaque intervention divine est manifestée par le son d’une trompette. Elles sont sept, à nouveau le chiffre de l’excellence ; « aux jours où l’on entendra le septième Ange, quand il sonnera de la trompette, alors sera consommé le mystère de Dieu, selon la bonne nouvelle qu’il en a donnée à ses serviteurs les prophètes ». C’est cette image que Paul utilise évoquant la trompette du Jugement. Les justes définitivement libérés des assauts du mal c’est pour Dieu le « temps de récompenser ses serviteurs les prophètes, les saints, et ceux qui craignent son nom, petits et grands… »

Les sept coupes [15,5-16,21]

    La coupe de la colère de Dieu agit contre la Grande Cité. Elle sera dévastée, la destruction est totale, l’univers entier disparaît d’autant que la réaction est le blasphème des hommes contre Dieu. La coupe de Dieu est un symbole récurent dans les textes bibliques ; elle est ici celle de la punition, dans l’Evangile pour Jésus elle est celle de notre salut qu’il nous invite à assumer « chaque fois que vous boirez à cette coupe faites-le en mémoire de moi ». En effet si le Christ vient exterminer les blasphémateurs de toutes sortes, il annonce aussi « voici que je viens comme un voleur : heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte ». A nouveau le livre de l’Apocalypse se révèle bien être message de salut pour les fidèles.


La communauté des fidèles et les « bêtes » [12,1-15,4].

Les chapitres qui suivent pourraient être considérés comme la clef de lecture de tout le livre de l’Apocalypse présentant le signe de la Femme et du Dragon, puis le signe des sept Anges de la colère de Dieu, avec pour sommet le beau cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau chanté par les sept Anges « … Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint ; et tous les païens viendront se prosterner devant toi, … ».

    L’Eglise doit faire face à des puissances dévastatrices, idéologiques, totalitaires ; il s’agit de la persécution menée par l’empire romain : qui est Seigneur, Jésus ou César ? Pour guider le choix, une très belle vision présente trois personnages : la femme, l’épousée est le peuple de Dieu interpellé par le Christ mort et Ressuscité qui entre dans la Gloire. Le dragon, qui essaye de dévorer l’enfant, le Christ, s’oppose aussi à l’acte de foi de l’épousée. Depuis Pentecôte l’histoire de l’Eglise est une lutte pour donner le Christ au monde.
Ce combat met en présence des forces qui agissent à la fois au ciel, ce sont Michel et le dragon, et sur terre les deux bêtes luttant contre l’Agneau et ses fidèles. Le premier combat est celui de Dieu et du Satan. Si Dieu ressort vainqueur du combat cosmique il laisse à Satan la main mise sur les humains, le temps de leur histoire (ce qui fait penser à liberté laissée au Tentateur contre Job, le serviteur de Dieu). Ce temps de l’histoire est le temps d’un autre combat, celui-là sur terre, où chacune des deux bêtes symbolise tout ce qui est mauvais dans le monde. Notons le chiffre de la bête qui est un chiffre d’homme, peut-être Néron et son pouvoir totalitaire persécutant les chrétiens : 666. Mais le mal vient aussi de l’intérieur, de ceux qui interprètent à leur manière la Parole de Dieu, les faux prophètes qui dévoient les humains. Sur tous s’abat la colère de Dieu à l’heure du Jugement. Mais que de martyrs !
Or l’Agneau et ses fidèles refusent toute compromission, toute prostitution. Leur nom est celui de l’Agneau, le nom de son Père et, réjouissons-nous, ces 144.000 sont les prémices de la multitude des croyants qui vivent du salut universel apporté par l’Agneau. Ils entendent le cantique nouveau chanté devant le Trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Ils peuvent s’y associer car « jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés ».

Michel Bonemaison  SMA
Directeur honoraire du M.A. de Lyon
 Bibliste du PIB à Rome
Théologien des Religions ISTR Paris


 Apocalypsis en Grec voulant dire le fait de dévoiler, dévoilement, le fait de découvrir, le fait de faire connaître.
 1er Siècle après J.C.
 Toutes les citations sont empruntées à la Bible de Jérusalem [B.J.] 12° édition 1988, pages 1783 à 1801.
 Les anges sont des esprits, leur présence indique toujours dans les Ecritures une mission d’origine divine.
 Image du jugement dernier.
 De même  sera détruite l’orgueilleuse Babylone du texte apocalyptique de Daniel 4,27  B.J. page 1306,
 Luc 22,41-44.
 Luc 22,19-20.
 Musée Africain de Lyon 150 cours Gambetta 69007 LYON     site : musee-africain-lyon.org
 Institut Pontifical Biblique de Rome.
 Institut de Sciences et Théologie des Religions à l’Université catholique de Paris.

Le rite divinatoire du Fa ou IFA

Le rite divinatoire du Fa ou IFA
dans le contexte de la vie et des cultes
de la société Yoruba :
passée, présente et à venir.

1. LA NECESSITE DE SAVOIR

Quelle que soit la façon de les poser, il y a des questions qui sont universelles, tant elles préoccupent l’être humain. La première en importance, dans le temps et dans l’espace, est sans aucun doute celle qui interroge sur le sens de la vie. Tous les hommes, depuis la nuit des temps ont essayé de comprendre le pourquoi et le comment non seulement de leur passage sur terre mais aussi de leur éventuel avenir, sans négliger une enquête sur les aléas et les limites de la condition humaine.
Une des manières de répondre a été souvent et est encore le mythe, le récit. Bien souvent aussi, en bien des lieux, en tout temps, il est fait recours à la divination. C’est au sein de leur démarche spirituelle que les peuples africains intègrent ce questionnement lui donnant une dimension toute religieuse. Pour le Vodún, (un des cultes originels parmi l’ensemble des Religions Traditionnelles vécues au sud du Bénin et du Nigéria,) cette divination a pour nom ‘Fa’ chez les Fon et ‘Ifa’ pour le peuple Yoruba.
En écoutant un peu l’histoire nous apprenons que la technique de divination fa / ifa viendrait de Perse par l’Egypte, d’où elle aurait migré vers la ville sainte d’Ifê (Nigéria) et, de là, jusqu’à la côte du Bénin actuel, sans doute au milieu du 18ème siècle.
Pour que soit pratiquée la divination, un individu ou un groupe donné prend donc la décision de « consulter » le fa / Ifa. Pour ce faire, le patient s’adresse à un spécialiste qui prend en compte sa demande, c’est le Bokonõ / Babalawo. Un certain nombre d’objets sont le support à la divination et sont mis en mouvement selon des rituels plus ou moins complexes. Le résultat de ces mises en scènes donne lieu à une interprétation  qui se révèle toujours vitale.


2. NECESSITE DE CONSULTER 
Sur quoi doit donc plancher le devin : bokonõ / babalawo ? 
Il a à répondre à tout ce qui préoccupe l’être humain et son groupe social car chacun est en droit de comprendre le sens de sa vie. Tout ce qui de près ou de loin apporte le malheur et qui est frustration à la vie : la mort, la maladie, la misère, l’infécondité, l’insécurité, l’incertitude face à l’avenir, la jalousie, les injures et insultes est l’objet de la recherche du devin. Tout ce qui est aussi attente, espoir, espérance ou simplement objet de désir, voire de convoitise, peut être confié aussi  aux bons hospices de babalawo.
Le fait de la divination ne peut pas être compris seul, il est à resituer dans son contexte qui est une quête spirituelle qui sera vue plus loin. Ainsi il faut savoir que la divination est une démarche qui permet de nommer la difficulté rencontrée tant dans les relations individuelles que pour celles du groupe, à l’intérieur du groupe lui-même ou en lien avec une autre société humaine.
Par ailleurs il est nécessaire de trouver une raison aux revers de fortune quelle que soit la forme qu’ils prennent. Connus, « nommés » il faudra s’en protéger ; c’est alors qu’entrera en  scène la recherche de protection avec le savoir- faire par médicaments bô / ogũ des phytothérapeutes et des prêtres qui, logiquement, inviteront à pratiquer des offrandes, voire des sacrifices avò / ogũ.


3. CELUI A QUI L’ON S’ADRESSE
Le spécialiste de la divination est le Bokonõ / Babalawo, qui a reçu, un héritage familial de son père ou de son grand-père ; parfois, il a vécu une initiation auprès de collègues plus expérimentés. Voyant ou devin, interprète de Fa, il est celui à qui on a ouvert les yeux sur le monde invisible pour connaître le destin d’une personne, découvrir l’origine cachée des malheurs qui la frappent. Il a l’art de démasquer les sorciers, eux qui utilisent leur savoir pour manipuler et qui le font toujours par appât du gain.
Toute société n’a-t-elle pas ses malfaiteurs ? Et si ces derniers agissent sous couvert de « religion » ils n’en sont pas moins des escrocs et des faussaires tandis que comme tout devin dans son aire culturelle, le babalawo, lui, est authentifié par la recherche du bien, de l’équilibre de la personne, de la paix sociale. En fait, il participe à cette grande valeur tant recherchée par les Africains : l’harmonie.


4. LES OBJETS ET LES RITES PROPOSES 
Un grand nombre d’objets et une aussi grande variété peuvent être un support à la divination et sont mis en mouvement selon des rituels. Des cailloux ou des graines sont jetés comme des dés sur un plateau ; des études très sérieuses tendent à prouver le calcul savant auquel se livre le devin ; pourtant là la prudence est de rigueur car il faut tenir compte à la fois des nuances culturelles et se laisser guider par la dogmatique.
Le plateau de bois est l’occasion de représenter l’invisible protecteur par des sculptures souvent de belle facture.
Peu importe la matière des objets utilisés, et les rites mis en oeuvre, est essentielle l’interprétation qui, elle, est récurrente ; elle est comme un dogme reconnu, vécu et appliqué par tous les devins de IFA. Toute interprétation est annoncée en Yoruba, même en milieu fon ; on peut dire qu’il s’agit de la langue liturgique retrouvée aussi aux Caraïbes et au Brésil.

« L’âge idéal pour connaître son destin est le début de la vie adulte. Cela se passe dans le bois sacré où l’impétrant se voit révéler le signe sous lequel il est né. Pour le connaître, le Bokonô se sert d’un plateau recouvert d’une couche de poudre. Sur ce plateau il trace le signe qu’il découvre en manipulant des noix de palme dans ses mains.
Pour une consultation ordinaire, il prend une sorte de chapelet sur lequel sont enfilées 2 séries de 4 demi-noyaux de fruits ; lancés en avant, les demi-noyaux laissent une trace simple s’ils tombent sur la face convexe, une trace double s’ils tombent sur la face concave : d’où 8 signes en 2 rangées parallèles. On dénombre 256 (16x16) combinaisons de signes simples et doubles, 16 grands et 240 secondaires. A partir de proverbes, contes ou mythes propres à chaque signe, le devin interprète la réponse à donner au problème posé. »



Les causes naturelles ne suffisent pas à expliquer un échec, une maladie grave, un décès, un malheur... qui peut être dû, soit à une faute personnelle qui a entraîné le courroux des ancêtres ou des vôdun que l’on n’a pas suffisamment honorés, ou à qui on a désobéi, soit à des sorciers, des jaloux …, il convient donc d’interroger Fa pour en connaître l’origine, et agir en conséquence. 


5. LA DIMENSION SPIRITUELLE

    Rejoignant le projet de toute religion traditionnelle la divination relève d’une quête spirituelle car elle permet la relation avec les ancêtres, et par eux avec tout l’au-delà. En fait il participe à cette quête de l’harmonie avec les puissances visibles et invisibles.

« De devin, le Bokonô devient alors médecin et pharmacien. Il peut confectionner aussi bien un médicament à base de plantes ou d’autres ingrédients pour guérir d’une maladie, qu’une amulette pour protéger des sorciers ou d’un danger. Il possède souvent près de son domicile un dispensaire où logent des malades gravement atteints physiquement ou psychiquement. Guérir le corps ne suffit pas, il faut remettre en ordre un système de relations socio-religieuses perturbées, expulser le mal ou les mauvais esprits, par des soins à base de plantes, d’eau, de feu, de sacrifices, et aussi de palabre : c’est la spécificité de la médecine africaine. »

« Le bôkono n’est pas un sorcier, une personne méchante, qui consciemment ou non fait du mal. Au contraire, son action consiste à découvrir le mal et à le contrer. Cependant, on fait remarquer que pour contrer le sorcier, il doit posséder cette force sorcière, que tous les deux tiennent de leurs relations avec l’au-delà ; mais s’il s’en servait pour faire le mal, il perdrait alors son pouvoir de voyance … »

Michel Bonemaison
Directeur du Musée Africain
Lyon le 8 septembre 2009


 Nous écrivons Vodún ainsi pour plus de facilité, mais il serait plus indiqué de transcrire Vodũ pour signifier le culte originel vécu au sud du Bénin et du Nigéria, tandis que les autres orthographes renvoient aux cultes vécus dans les Caraïbes ou au Brésil.
 Lorsque cela s’avère nécessaire nous indiquons à la suite du mot français en premier lieu le nom Fon suivi de son homonyme Yoruba reliés par un slash ; ce qui donne : divination : fa/ifa.
 Nous devons beaucoup à l’ouvrage de Pierre Saulnier SMA « Vodún et destinée humaine » / Société des Missions Africaines / 25 rue des Naudières 44401 REZE Cedex .
 Babalawo qui signifie « le détenteur de secrets »  est le terme le plus courant, mais il est aussi nommé ONIFA, celui qui détient Ifa.
 Quand la mentalité occidentale va-t-elle se débarrasser de ces clichés qui desservent les cultures africaines et utilisent des mots pièges pour tout dire et ne rien dire. Malheureusement beaucoup d’africains, à notre école, utilisent notre lexique désuet pour exprimer en français de manière erronée ce qu’ils disent merveilleusement bien dans leurs propres langues. Le mot sorcier est un de ces lieux communs dont il est urgent de nous libérer.

 Pour baigner dans les différentes expressions culturelles des peuples africains, vous êtes invités à visiter notre site  «  musée-africain-lyon.org  »
 Tiré de Pierre Saulnier.  La plupart des informations de ce type sont empruntées presque tous les auteurs aux ouvrages de Félix Iroko qui est intarissable sur le sujet. Je rappelle néanmoins que la diversité des cultures est à prendre en compte pour ne pas risquer de figer quelque rituel que ce soit.
 Emprunt à Pierre Saulnier. Voir aussi Félix Iroko.

En terre inconnue

Regards de missionnaires sur l’Afrique


Préface

C’est avec bonheur que le Musée Africain participe à l’évènement culturel de l’année : « l’Esprit d’un siècle, Lyon 1800-1914 ». C’est au milieu de ce XIX° siècle que naissait l’institut des Missions Africaines de Lyon (MAL), actuelle Société des Missions Africaines (SMA), consacré à Notre Dame de Fourvière le 8 décembre 1886.

Le Musée Africain est né avec les Missions Africaines. Il est dû à la volonté et à la ténacité du co-fondateur, le Père Augustin Planque. Dès le 20 février 1861, il écrit à ses missionnaires, ce qu’il réitérera trois fois la même année, que lui soient envoyés les objets lui permettant d’ouvrir un musée pour faire connaître les peuples et les cultures de leur nouvelle patrie.

Les réflexions du fondateur Mgr de Brésillac, l’objectivité de son regard éduqué par douze années de mission en Inde, ont guidé les premiers missionnaires dans leur rencontre avec des populations nouvelles, en Afrique occidentale subsaharienne. Sa mort prématurée a, sans aucun doute, pénalisé la formation des premières recrues, quant à l’approche des cultures.

Les aléas de l’histoire ont influencé les missionnaires dans la diversité de leurs appréciations sur les peuples, les cultures, les cultes, les rites, les traditions. Toutefois d’aucuns ont été de véritables savants, décryptant avec patience les us et coutumes, les langues, les religions et la médecine locale.

Persévérance et courage ont permis à des Francisco Borghero de s’initier à l’histoire, à des Francis Aupiais d’entreprendre la réhabilitation des Africains dans les mentalités occidentales. Un de ses fleurons est la création du journal « reconnaissance Africaine » qui n’a le droit de cité que trois petites années !

Ce sont ces cent cinquante ans de l’histoire confondue d’un Institut et de son Musée que nous présente cette exposition. En conjuguant la pluralité des disciplines et l’amour des Peuples, le Musée introduit aux cultures de l’Afrique. Il est le Patrimoine des Africains à Lyon.

Michel Bonemaison sma
Directeur du Musée Africain
Lyon le 31 mars 2007.

En route pour l’Afrique

Par son art, Florent Duperron invite à rejoindre les pionniers de la mission qu’il présente dans sa BD. « En route pour l’Afrique » est la réalisation d’un projet pédagogique de toute la jeune équipe chargée de mettre en place l’exposition « En terre inconnue, regards de missionnaires sur l’Afrique ».

Dans le concert des présentations de l’histoire de Lyon de 1800-1914, cet album est des plus attrayants. Suivre ces jeunes hommes, missionnaires, sur les terres d’Afrique est l’occasion de découvrir une époque ici et là-bas, avec pour guide ce que Florent a choisi de transmettre.

C’est sa première BD, d’autres suivront. Bravo !

Michel Bonemaison sma
Directeur du Musée Africain.

TIMIA une oasis au Sahara

Peuple du Niger

Photographies de Jean-Louis Gonterre


Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre de l’exposition « Tamia, une oasis au Sahara », photographies de Jean-Louis Gonterre, présentée au Musée Africain du 20 septembre au 5 novembre 2006.



    Accueillir Jean-Louis Gonterre au Musée Africain entre dans cette perspective que nous voulons dynamiser au maximum : « Que le Musée soit le reflet de la Vie et de la Culture des Peuples du continent africain ».

    Les prises de vue de Timia nous en offrent l’opportunité.

    Dire la vie quotidienne des Touaregs ! Susciter cette interrogation de la rencontre des cultures ! Inviter à sortir de soi, à accueillir l’autre, et par là à vouloir aller de l’avant !

    Merci à Jean-Louis Gonterre pour son respect des hommes et des femmes qu’il amène chez nous. En admirant ces photos, accueillons son témoignage de la vie africaine et rejoignons le projet de l’exposition permanente.

Michel Bonemaison sma
Directeur du Musée Africain
Le 8 septembre 2006.

EDITORIAL (Exposition des poids à peser la poudre d’or)




L’exposition des poids à peser la poudre d’or, de l’aire géographique Akan, représentée dans ce  ‘‘petit guide’’, est une longue et belle histoire à plusieurs facettes, celle d’un savant géologue lyonnais, celle de la Société des Missions Africaines de Lyon, celle du Musée Africain, à Lyon, surtout celle d’un peuple dont nous voulons exalter la culture, enfin celle de la coopération de nombreux amis qui se sont passionnés pour qu’existe cette exposition.
Monsieur Alexis Chermette a conservé une grande place dans la mémoire de nombreux lyonnais avec qui il est resté très actif en tant que membres de plusieurs associations scientifiques et caritatives de la capitale des Gaules. En 1996, il léguait ses collections de minéraux au Musée Guimet qui s’empressa de les présenter aux publics en réalisant une exposition accompagnée d’un remarquable album. Le Musée Africain hérita, quant à lui, des collections africaines de bois et de laitons, immédiatement disposées dans des vitrines temporaires. Ce sont ces laitons que nous vous présentons à l’occasion du dixième anniversaire de cet ami. Nos remerciements les plus chaleureux vont à l’adresse de son épouse qui a facilité ce legs. Nous lui devons la préface de cet album.

La Société des Missions Africaines de Lyon est née à Fourvière le 8 décembre 1856. Père Augustin Planque, cofondateur, demandait à ses missionnaires de rapporter ce qui permettrait de faire connaître les manières de vivre des peuples qui les accueillaient. Comment ne pas manquer le 150° anniversaire de la naissance d’un institut dont les membres ont oeuvré et oeuvrent toujours en Afrique et qui, sur sa terre d’origine, s’est toujours employé à susciter intérêt et amour en direction de l’Afrique ? Compagnes d’apostolat des frères et des prêtres des Missions Africaines, les religieuses des deux congrégations de Notre Dame des Apôtres et des Sœurs catéchistes du Sacré-Cœur participèrent et participent toujours à cette ouverture des Lyonnais vers les cultures africaines.

Le Musée Africain, né de la volonté des supérieurs fondateurs des Missions Africaines, passa progressivement de la salle des curiosités à la mise en collections d’objets uniques, rapportés des pays du Golfe de Guinée. Père Jean-Marie Chabert, supérieur général, donnait en 1923 son empreinte à l’établissement du musée comme tel. Parmi tous les frères qui ont mis en commun ce que leur offraient leurs amis africains, soulignons deux autres noms, celui de deux éminents missionnaires ; Francis Aupiais, fondateur du journal ‘‘La Reconnaissance Africaine’’, et Jacques Bertho, directeur de l’enseignement catholique pour l’Afrique Occidentale de langue française, ont apporté beaucoup, par le nombre et la qualité des objets et des photographies ; la vitalité du musée, portée par le choix de telles expositions, autorise, aujourd’hui encore, un renouvellement du discours au service des cultures africaines.

C’est de la culture des peuples Akan qu’il s’agit maintenant. Les textes qui suivent sont là pour nous y ouvrir. Ecoutons leur message ! C’est à plusieurs voix que nous vous la proposons ; vous comprendrez la valeur de notre coopération en lisant la page dédiée aux remerciements.

Il me reste à vous souhaiter de vivre de bons moments en cette compagnie, celle que vous offre notre écriture et celle que, par ces objets, nous lèguent les peuples Akan.

Michel Bonemaison sma, directeur du musée africain, Lyon le 10 mars 2006.

vendredi 29 avril 2011

PAROLES DE MASQUES Un regard africain sur l’art africain



Secrétariat de A. Tierou
9 allée des Vergers  Boîte 24
75012 PARIS

24€
Paroles de Masques
Un regard africain sur l’art africain



ALPHONSE TIEROU
L’ouvrage
Pour la première fois, un regard africain est porté, de l’intérieur, sur la culture des Masques et sa production artistique. Tandis que la Côte d’Ivoire renoue avec la paix, ce livre fixe par écrit le patrimoine de la civilisation orale, mis en péril par quatre années de guerre.
Paroles de Masques nous révèle un univers méconnu :
Le Masque africain : Au-delà de la pièce de bois, œuvre d’art, il s’agit d’une institution dotée de fonctions politiques et juridiques, spirituelles, philosophiques, artistiques et pédagogiques.
Vocation démocratique : L’institution des Masques renferme la matrice de ce qu’aurait pu être une démocratie véritablement africaine. Elle respecte les débats contradictoires, la liberté d’opinion et de croyance, et octroie, aux femmes, les mêmes responsabilités qu’aux hommes. Aux côtés des hommes et des femmes porteurs de masque, des contre-pouvoirs et des garde-fous préviennent la monopolisation du pouvoir par quelques-uns.
Dimension spirituelle : Les Masques, qui s’interdisent le prosélytisme, croient en un Dieu unique. L’anonymat des porteurs de masque empêche les dignitaires de s’identifier au divin. Car le Masque est hors propriété humaine.
Conception africaine de l’art : Les Masques sont associés à une production artistique qui fait la renommée de l’Afrique dans les musées et les galeries d’art. Mais l’interprétation qui est faite de cet art répond, le plus souvent, aux canons du naturalisme, qui vise à imiter la nature. Un concept étranger à la culture africaine. L’artiste africain a pour mission d’enrichir la nature, ce qui lui offre une infinie liberté de création.
Musée du quai Branly : L’ouvrage porte un regard original sur ce musée et son action pour le dialogue des cultures. Il émet aussi une proposition innovante pour un grand musée des arts africains.
L’auteur
 Chercheur- chorégraphe, auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages qui sont autant de références dans le domaine des arts et de la culture d’Afrique, concepteur et auteur de grandes expositions scientifiques et artistiques dont De la danse à la sculpture. Un nouveau regard sur l’esthétique africaine  accueilli en 2000 par le musée de l’Homme à Paris ; ou Masques d’Afrique présidée  par Léopold Sedar Senghor en 1986 à Nîmes Alphonse Tierou est issu d’une famille de grands chefs traditionnels, ‘‘héritière’’ des Masques de sagesse de l’Ouest africain. Il est aussi l’inventeur du premier vocabulaire chorégraphique de danse africaine. Ses travaux ont notamment abouti au lancement, en 1995, des Rencontres de la Création chorégraphique panafricaine, transformées en biennale par CulturesFrance (ex-AFAA), et à la Poétique de la danse africaine, qu’il enseigne à Paris.


Je viens de rencontrer l’auteur et j’ai eu le bonheur de partager longuement avec lui ; il m’autorise à publier sa page de communiqué de presse que vous venez de lire. Commandez-lui son livre il vous le dédicacera. En le lisant vous découvrirez un peu mieux la pensée des « passeurs » que nous essayons d’être, convaincus que l’avenir, s’il est gros du passé, ne peut être que construit par ceux qui vont de l’avant et ne ressassent pas sans cesse ni les frustrations ni les culpabilités.

Michel Bonemaison
Directeur du M.A.
13 mars 2008.