Libérer la parole qui est en nous

« En Afrique, toute assemblée a ses lois, la palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté. Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi. »
Règle n°1 : liberté de propos
Règle n°2 : bienveillance, écoute et respect
Règle n°3 : égalité de tous devant la question humaine.
Autant de valeurs que je souhaite vous faire partager à travers ce blog et avec l’aide de toutes vos contributions !

samedi 30 avril 2011

Quand Dieu se fait connaître aux hommes. ‘‘Il est l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin’’ *L’Apocalypse de saint Jean*

Le Très-Haut a parlé par la Torah et les Prophètes, puis il s’est fait connaître en Jésus-Christ. Mais comment est accueillie sa manifestation, sa révélation en et par Jésus le Christ ? Le livre de l’Apocalypse a pour projet de dire qui est ce Jésus appelé le Christ. Mais alors, quel est le procédé utilisé pour dire ce qui est plus grand que l’humain parce que dessein de Dieu pour l’Homme ?

Dans son livre « Révélation de Jésus-Christ », Jean, « écrivain sacré », conjugue deux genres littéraires, le genre apocalyptique et le genre prophétique. Non il ne s’agit ni de code secret ni d’ésotérisme sinon, simplement, d’un langage pluriel approprié à une culture donnée dans une époque déterminée. Le symbole est un des moyens d’expression récurrent de ce livre. A nous de savoir resituer l’Histoire dans son contexte ; il est celui des jeunes communautés chrétiennes, ici nommées les sept Eglises qui sont en Asie : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. A nous d’apprendre à réinterpréter le message pour pouvoir l’entendre aujourd’hui.



Le contenu du message
[1,1-8 & 22,6-21]


C’est à ces Eglises que s’adresse la Révélation de Jésus-Christ donnée de la part de Dieu. Jean transmet le message par des images, des rites, des gestes, des symboles, par la description de liturgies célestes, et grâce à l’usage de Paroles fortes. Il interpelle ses contemporains à la manière des prophètes, affirmant que ce Jésus dont ils sont disciples est réellement le Christ, l’envoyé de Dieu attendu, venu de Dieu, homme chez les hommes et retourné, Dieu chez Dieu, pour que convertis, les hommes reviennent vers Dieu.

Lorsque il est dit « Voici que mon retour est proche, et j’apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail » (22,12) la réponse du croyant, du fidèle, ne peut être que « Amen, viens, Seigneur Jésus » (22,20).



Les Eglises et le Monde
Une vision apocalyptique
[1,9-3,22 & 19,11-22,5]

   
Les Eglises en Jugement  [1,9-3,22]

C’est au cours d’une vision que Jean reçoit sa mission, puis il tombe en extase tandis qu’une voix lui dicte le contenu du message à délivrer. Les destinataires sont ‘les anges des sept Eglises, représentés par les étoiles’ ainsi que les ‘sept Eglises représentés par sept candélabres’. Pour chacune des Eglises le message comprend une mise en garde, une parole de réconfort et une promesse.

Le Monde en Jugement [19,11-22,5] :

Il revient pour Juger les Vivants et les Morts

Un premier combat eschatologique : Un Cavalier, le Verbe de Dieu, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, montant un cheval blanc mène les armées du Ciel avec un sceptre de fer pour jeter à bas la Bête et ses armées, (ennemis du ‘Fidèle et du Vrai’), jusqu’à leur extermination complète. « Puis je vis des trônes sur lesquels ils s’assirent, et on leur remit le jugement ; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu… Heureux celui qui participe à la première résurrection !»

Le second combat eschatologique est en réaction contre Satan et toutes les coalitions représentées par Gog et Magog en guerre contre la Cité bien-aimée. « Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône … les morts furent jugés … chacun selon ses œuvres. … et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu ».

Ainsi l’accueil des justes auprès de Dieu se fait en deux temps, les victimes de la Bête connaissent définitivement le salut tandis qu’une seconde chance est donnée à ceux que subjuguait le Satan. En fait tous ceux qui avaient œuvré pour le Vivant « verront sa face et son nom sera sur leur front ».


Quelle est donc cette Cité en construction ?
Elle est la Jérusalem céleste : « Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle, … La Cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux ». Et c’est à nouveau la Voix divine pour Parole d’Amour : ‘j’aurai  ma demeure avec eux ; ils seront mon peuple, et moi Dieu-avec-eux, je serai leur Dieu’. Toujours depuis le trône vient la confirmation du salut pour le vainqueur « je serai son Dieu, il sera mon fils » et de la seconde mort pour tous les hommes de mensonge.

Elle est la Jérusalem de la promesse messianique : Bâtie avec toutes les richesses de cette terre d’Asie, la Jérusalem nouvelle, appelée la Fiancée, l’Epouse de l’Agneau, est un joyau d’architecture et de pierres précieuses. Quant au Temple il est définitivement inutile puisque la présence de Dieu est visible, « avec en elle la Gloire de Dieu »… « Le Seigneur est son Temple ainsi que l’Agneau ». Elle est bâtie pour le séjour des enfants de la promesse, en fait, le tout de l’univers trouvé fidèle signifié par les douze tribus. « Le Seigneur répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles ».


L’actualité du Message
Une vision prophétique
[4,1 – 19,10.]


Annonces prophétiques et Histoire : [4,1-8,1 & 17,1-19,10]

4,1-8,1

La nouvelle vision met en œuvre une liturgie céleste dans toute sa splendeur : un trône où siège Quelqu’un dont le nom ne peut pas être prononcé, selon la tradition biblique. Il est comme de jaspe et de coraline, autour de son trône un arc en ciel comme d’émeraude … merveilleuse description selon le catalogue des richesses de cette portion d’Asie. Puis vingt-quatre sièges et vingt-quatre vieillards célèbrent le culte lui faisant hommage à lui Dieu : « Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui créas l’univers ; par ta volonté, il n’était pas et fut créé ». Unis à toute la création, ils crient « A Celui qui siège sur le trône ainsi qu’à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles ».
- Quant aux quatre Vivants représentés par le lion, le taureau, un visage d’homme et un aigle en plein vol, qui auraient donné naissance à la représentation des quatre évangélistes, ils acclament comme dans la synagogue avec les paroles citées du prophète Isaïe « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître de Tout, ‘Il était, il est et il vient’ ».
- Celui qui siège sur le trône tient en sa droite un livre roulé et scellé de sept sceaux et l’Agneau (comme égorgé) est le seul qui puisse ouvrir le livre en brisant les sept sceaux. Ses sept cornes (rappel de l’abondance) et ses sept yeux (rappel de la claire vision de tout) sont les symboles de sa puissance et de sa connaissance, il les possède en plénitude selon la valeur symbolique du chiffre sept.
- L’ouverture des sept sceaux apporte, chacun, un élément particulier du jugement, soit en anéantissant tout ce qui est référence au mal « car il est arrivé le grand jour de sa colère, et qui donc pourrait tenir ? », soit en préservant les serviteurs de Dieu : « car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et il les conduira aux sources des eaux et de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Ces élus sont vêtus de robes blanches « ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau ».

17,1-19,10

    La distinction entre les élus et les damnés devient nette, c’est le moment du châtiment ; maintenant de façon très précise apparaît la condamnation du pouvoir quand il est mauvais dans l’histoire des hommes, en l’occurrence le pouvoir de la Rome impériale. « Viens, que je te montre le jugement de la Prostituée fameuse, assise auprès des grandes eaux ». Remarquons cette technique de la personnification très suggestive : Rome est appelée la Prostituée fameuse mais d’autre part l’Eglise est présentée comme une femme qui enfante et la Jérusalem Céleste comme la Fiancée, l’Epouse.
- Rome la Prostituée fameuse sera détruite car elle est impure, tout comme Babylone la Grande qu’elle chevauche, « la mère des prostituées et des abominations de la terre ».
-  Notons que chaque fois la vision est expliquée, le symbole développe son message, ainsi l’un des sept anges aux sept coupes commente : « Les sept têtes, ce sont les sept collines (de Rome) sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois… Quant à la Bête… elle-même fait le huitième roi … il s’en va à sa perte. Et ces dix cornes ce sont dix autres rois … ils sont tous d’accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir. Ils mèneront campagne contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra… »
- Les grandes eaux auprès desquelles est assise la Prostituée représentent les peuples, les foules des nations et des langues pour l’instant assujettis par la Prostituée. Mais elle, la Grande Cité, sera prise en aversion, humiliée et dévorée par la Bête.
- Et viendra aussi le tour de la destruction de la Babylone : « elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande … [car tous] se sont enrichis de son luxe effréné ».

    Une conclusion qui surprend Jean le visionnaire. Il est invité à discerner et à ne pas s’arrêter en chemin, car il voudrait se prosterner aux pieds de l’Ange annonciateur ! Si l’Agneau est vainqueur, si ses noces sont célébrées lorsqu’il prend possession de son règne, « c’est Dieu que tu dois adorer ».

Une relecture de l’Exode :

Les sept trompettes [8,2-11,19]

    Il s’agit de l’annonce de la destruction progressive et définitive de l’empire de Rome. Les malheurs qui lui arrivent et qui sont sa ruine, sont à l’image des plaies d’Egypte, selon Exode 7-10. La description est assez cocasse car très imagée elle aussi. Chaque intervention divine est manifestée par le son d’une trompette. Elles sont sept, à nouveau le chiffre de l’excellence ; « aux jours où l’on entendra le septième Ange, quand il sonnera de la trompette, alors sera consommé le mystère de Dieu, selon la bonne nouvelle qu’il en a donnée à ses serviteurs les prophètes ». C’est cette image que Paul utilise évoquant la trompette du Jugement. Les justes définitivement libérés des assauts du mal c’est pour Dieu le « temps de récompenser ses serviteurs les prophètes, les saints, et ceux qui craignent son nom, petits et grands… »

Les sept coupes [15,5-16,21]

    La coupe de la colère de Dieu agit contre la Grande Cité. Elle sera dévastée, la destruction est totale, l’univers entier disparaît d’autant que la réaction est le blasphème des hommes contre Dieu. La coupe de Dieu est un symbole récurent dans les textes bibliques ; elle est ici celle de la punition, dans l’Evangile pour Jésus elle est celle de notre salut qu’il nous invite à assumer « chaque fois que vous boirez à cette coupe faites-le en mémoire de moi ». En effet si le Christ vient exterminer les blasphémateurs de toutes sortes, il annonce aussi « voici que je viens comme un voleur : heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte ». A nouveau le livre de l’Apocalypse se révèle bien être message de salut pour les fidèles.


La communauté des fidèles et les « bêtes » [12,1-15,4].

Les chapitres qui suivent pourraient être considérés comme la clef de lecture de tout le livre de l’Apocalypse présentant le signe de la Femme et du Dragon, puis le signe des sept Anges de la colère de Dieu, avec pour sommet le beau cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau chanté par les sept Anges « … Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint ; et tous les païens viendront se prosterner devant toi, … ».

    L’Eglise doit faire face à des puissances dévastatrices, idéologiques, totalitaires ; il s’agit de la persécution menée par l’empire romain : qui est Seigneur, Jésus ou César ? Pour guider le choix, une très belle vision présente trois personnages : la femme, l’épousée est le peuple de Dieu interpellé par le Christ mort et Ressuscité qui entre dans la Gloire. Le dragon, qui essaye de dévorer l’enfant, le Christ, s’oppose aussi à l’acte de foi de l’épousée. Depuis Pentecôte l’histoire de l’Eglise est une lutte pour donner le Christ au monde.
Ce combat met en présence des forces qui agissent à la fois au ciel, ce sont Michel et le dragon, et sur terre les deux bêtes luttant contre l’Agneau et ses fidèles. Le premier combat est celui de Dieu et du Satan. Si Dieu ressort vainqueur du combat cosmique il laisse à Satan la main mise sur les humains, le temps de leur histoire (ce qui fait penser à liberté laissée au Tentateur contre Job, le serviteur de Dieu). Ce temps de l’histoire est le temps d’un autre combat, celui-là sur terre, où chacune des deux bêtes symbolise tout ce qui est mauvais dans le monde. Notons le chiffre de la bête qui est un chiffre d’homme, peut-être Néron et son pouvoir totalitaire persécutant les chrétiens : 666. Mais le mal vient aussi de l’intérieur, de ceux qui interprètent à leur manière la Parole de Dieu, les faux prophètes qui dévoient les humains. Sur tous s’abat la colère de Dieu à l’heure du Jugement. Mais que de martyrs !
Or l’Agneau et ses fidèles refusent toute compromission, toute prostitution. Leur nom est celui de l’Agneau, le nom de son Père et, réjouissons-nous, ces 144.000 sont les prémices de la multitude des croyants qui vivent du salut universel apporté par l’Agneau. Ils entendent le cantique nouveau chanté devant le Trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Ils peuvent s’y associer car « jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés ».

Michel Bonemaison  SMA
Directeur honoraire du M.A. de Lyon
 Bibliste du PIB à Rome
Théologien des Religions ISTR Paris


 Apocalypsis en Grec voulant dire le fait de dévoiler, dévoilement, le fait de découvrir, le fait de faire connaître.
 1er Siècle après J.C.
 Toutes les citations sont empruntées à la Bible de Jérusalem [B.J.] 12° édition 1988, pages 1783 à 1801.
 Les anges sont des esprits, leur présence indique toujours dans les Ecritures une mission d’origine divine.
 Image du jugement dernier.
 De même  sera détruite l’orgueilleuse Babylone du texte apocalyptique de Daniel 4,27  B.J. page 1306,
 Luc 22,41-44.
 Luc 22,19-20.
 Musée Africain de Lyon 150 cours Gambetta 69007 LYON     site : musee-africain-lyon.org
 Institut Pontifical Biblique de Rome.
 Institut de Sciences et Théologie des Religions à l’Université catholique de Paris.

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