Libérer la parole qui est en nous

« En Afrique, toute assemblée a ses lois, la palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté. Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi. »
Règle n°1 : liberté de propos
Règle n°2 : bienveillance, écoute et respect
Règle n°3 : égalité de tous devant la question humaine.
Autant de valeurs que je souhaite vous faire partager à travers ce blog et avec l’aide de toutes vos contributions !

dimanche 29 avril 2012

Père Francis AUPIAIS



Père Francis AUPIAIS
Textes et témoignages présentés par le Père Pierre SAULNIER, sma.
12 décembre 2010.

Lettres du Père Francis AUPIAIS à Paul HAZOUMÊ
80 lettres de 1925 – 1936.
Textes et commentaires présentés par le Père Pierre SAULNIER, sma.
1er février 2012.


Père Francis Aupiais


Rendre lisible pour le lecteur d’aujourd’hui l’œuvre de Francis Aupiais

Voilà me semble-t-il la présentation réussie par Pierre Saulnier qui organise en 9 chapitres les étapes et l’essentiel de la mission vécue  par F. Aupiais. Sont mis en évidence pour en tirer les conséquences dans le domaine pastoral : l’étude et la connaissance de la langue locale (ch. III), la dimension culturelle de la maladie toujours en lien avec un Dieu Tout-Puissant, (ch. IV),  le regard éthique porté sur la vie sociale (ch. VI), l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et la vie chrétienne (ch. VII, VIII), puis rejoignant en cela le fondateur des Missions Africaines le souci de susciter rapidement une clergé local digne et compétent (ch. IX) (pages 8-31).

Une deuxième série de textes, dont une conférence à l’Institut Catholique de Paris en 1928, met en relief la pensée du Père Aupiais abordant l’approche de la culture africaine. Dans ces pages intitulées « les noirs et l’Evangile » où il recherche des ‘‘traces de la révélation originelle’’ dans la culture africaine. Le choix de Pierre Saulnier et son analyse sont un bel exemple de sa capacité de rendre actuel un message parfois dépassé sous plusieurs aspects (pages 32-43).

En troisième lieu une magnifique présentation de la revue de Francis Aupiais : « La Reconnaissance Africaine » extrait de ‘‘l’Echo des Missions Africaines de Lyon’’. Souhaitons qu’un jour soit donnée une analyse méthodique de la revue (pages 44-48) car dans la démarche de Francis Aupiais il y a un remarquable exemple du respect des hommes et des cultures.

Enfin une série de témoignages complète le visage de grand missionnaire (pages 49–60).


Pierre Saulnier vient de réaliser un nouveau travail de grand intérêt sur l’un de ses prédécesseurs, le Père Francis Aupiais. Chercheur il met au service du public des lettres inédites qu’il a dactylographiées ; méthodique il en offre un commentaire permettant d’apprécier sûrement la pensée et l’œuvre à la fois de Francis Aupiais et de son émule Paul Hazoumé.

A travers ces lettres et leur commentaire, qui est Francis Aupiais ? 

Un passionné des cultures africaines, respectueux à l’extrême mais avec discernement des us et coutumes dont lui parlent ses jeunes amis africains. 

Un pédagogue dont la confiance est sans limites à l’égard de ses jeunes collaborateurs avec qui il entreprend la fondation d’un journal au titre révélateur de son ambition « La Reconnaissance Africaine ». 

Il est aussi un grand esprit qui, pour la cause de la « reconnaissance » des valeurs africaines, sait aller contre vents et marées, rencontrant et se liant d’amitié avec les sommités de l’administration coloniale et surtout de l’ethnologie : Maurice Delafosse, Georges Hardy, Labouret, Levy-Bruhl, Marcel Mauss, Trautmann, le Père Schmidt. Aimant que soit reconnue son œuvre, il sait aussi être discret sur les désillusions et respectueux des personnes qui le contrecarrent. 

Fougueux il est toujours animé de grands projets, voire visionnaire ; il écrivait ainsi le 12 janvier 1928 : « Et je songe toujours à partir pour le Dahomey avec une mission cinématographique l’hiver prochain. Et je ne te parle pas de projets que je fais pour la formation des futurs missionnaires qui arriveront désormais dans les Missions avec certaines connaissances ethnographiques et avec un grand amour des Indigènes fondé … sur l’estime ». (page 44)

Scientifique il a la rigueur pour lui-même et pour son ami Paul : « faire un film et préparer à l’avance la liste des plus gracieux usages, des plus belles cérémonies, (religieuses ou royales). Des scènes les plus caractéristiques, mais les plus dignes de la vie sociale, familiales, professionnelles des Indigènes etc. … » (page 46 lettre du 12 février 1928). Et le 23 mars : « pour les Proverbes, essaie d’avoir des études, comme j’en ai donné le modèle, études dans lesquelles le sens matériel, le sens morale et surtout l’exemple sont de la plus grande valeur. Fais consignes des exemples, le reste sera facile ». (page 48) Pierre Saulnier reprend avec grand soin « Sa (du Père Aupiais) vision d’un travail ethnographique » pages 91-92.
A propos de Paul Hazoumê (1890-1980) nous pouvons lire les pages 97-100 de Pierre Saulnier qui disent les relations d’Aupiais avec son ami. Paul a besoin d’être sans cesse encouragé ce qui lui permettra de laisser à la postérité, outre les articles d’ethnographie parus dans la Reconnaissance Africaine, une œuvre remarquable et primée « Le Pacte du Sang », puis un roman historique établi à partir de témoignages recueillis auprès de ses contemporains dépositaires de la Tradition orale : « DOGUICIMI ». Pionnier dans les récits de portée ethnologique, il transmet avec exactitude les richesses et les valeurs culturelles de son peuple, du royaume d’Abomey.

Michel Bonemaison sma
Le Cendre 28 avril 2012